Catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC

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Caisson pour prise de vues sous-marine

N° Inventaire : AP-14-2950

Collection : La Cinémathèque française

Catégorie d'appareil : Prise de vues cinématographiques

Nom du modèle : torpille hydrodynamique Jonas

Lieu de fabrication : Val-de-Reuil, France

Année de fabrication : 2007

Fiche détaillée

Type de l'appareil

caisson en résine en forme de torpille avec deux ailerons ; à l'arrière et à l'intérieur, espace contenant un bloc métallique à hublot de verre pour loger une caméra numérique ; étrier pour accrocher le câble et remorquer l'appareil

Auteurs

Perrin Jacques
Paris, 19 avenue de Messine

Clouzaud Jacques
Paris

Perrin Jacques-Fernand
Paris

Bugel Alexandre
La Couech, 31310 Montbrun Bocage

Legrand Fabrice
Val-de-Reuil

Fabricants

Subspace Pictures Jean-Claude Protta
1 rue Adrien Wyss 1227 Les Acacias Genève

Direction générale de l'armement
Val-de-Reuil

BMTI
117 rue Ollioules, 83140 Six-Fours-les-Plages

Utilisateurs

Perrin Jacques
Paris, 19 avenue de Messine

Clouzaud Jacques
Paris

Perrin Jacques-Fernand
Paris

Bugel Alexandre
La Couech, 31310 Montbrun Bocage

Legrand Fabrice
Val-de-Reuil

Distributeurs

Informations non disponibles

Sujet du modèle

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Objectif

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Taille de l'objet

Ouvert :
Informations non disponibles

Fermé :
Longueur : 184 cm
Largeur : 67 cm
Hauteur : 52 cm

Diamètre :
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Taille de la boîte de transport

Informations non disponibles

Remarques

Don de Jacques Perrin Galatée Films (2013).

Cette torpille hydrodynamique (pièce unique) en résine baptisée Jonas a été conçue à la demande de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud par Fabrice Legrand, responsable technique, Jacques-Fernand Perrin, ingénieur, et Alexander Bugel, concepteur machiniste, pour les prises de vues sous-marines du film Océans (2009) de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, afin que la caméra puisse accompagner étroitement l'avancée de bancs de poissons ou de dauphins. La torpille a été fabriquée en partie par BMTI, entreprise travaillant pour la Marine située près de Toulon. Remorquée et équipée d'une caméra à l'intérieur et d'un flotteur intermédiaire en surface, elle a permis de filmer au plus près les créatures marines en déplacement près de la surface. Elle a été d'abord testée en mars 2007 dans le bassin d'essais des carènes (grand tunnel hydrodynamique, GTH) à la D.G.A. (Direction générale des armées) du Val de Reuil, puis dans le bassin B600. Soufflerie hydrodynamique pressurisable et dépréssurisable contenant 3600 m3 d'eau déminéralisée, le GTH permet de simuler les phénomènes de cavitation (naissance et oscillation radiale de bulles de gaz et de vapeur dans un liquide soumis à une dépression) jusqu'à des vitesses de 12 m/s. Le B600 permet d'évaluer le corps remorqué au complet (câble, treuil, liaison vidéo). les premiers tests ont montré le torpille présentait une très légère gîte à l'arrêt ; on lui ajoutera un bossage sur le dessus.

"Données d'entrée : Le caisson de la caméra doit être positionné dans le poisson de manière à filmer vers l'arrière (les animaux marins doivent suivre le poisson pour être filmés de face). Le poisson doit présenter une assiette nulle ou légèrement négative en vue de pouvoir filmer la surface pour obtenir un effet de vitesse. La longueur de câble entre poisson et le bateau tracteur sera de 50 à 100 m. Les immersions envisagées vont de 0 à 10 m maximum. Les vitesses d'avance seront généralement de 6 à 8 noeuds mais pourront atteindre exceptionnellement 15 noeuds. Le poisson devra être le plus stable possible (des oscillations lentes mais de grandes amplitudes sont préférables à des mouvements rapides mais de plus faibles amplitudes). Le poisson doit pouvoir contenir une boîte à appâts pour attirer les prédateurs). Le système remorqué comprend trois éléments principaux : le poisson proprement dit avec sa caméra embarquée ; le câble ; un flotteur intermédiaire qui permet de reprendre l'essentiel du poids du câble (trop lourd et trop long pour obtenir de faibles immersions aux basses vitesses) et réduit les risques d'accrochage du câble sur le fond" (Rapport Poisson remorque pour Galatée films E 10 856, études et essais du système remorque, pièce n° 1, Bassin d'essais des carènes, Val-du-Reuil, D.G.A.).

"L'activité est fébrile sous l'impressionnant hangar abritant le grand tunnel hydrodynamique (GTH) du bassin d'essais de carènes. Rien d'exceptionnel pour le Val-de-Reuil, si ce n'est cette équipe de Galatée Film, la société de production de Jacques Perrin, qui positionne caméras et éclairage au niveau de la grande veine d'essai. Le héros du jour est Jonas, "poisson" en matériaux composites verre/résine (ensemble peint en gris métallisé) de 1,60 mètre de longueur, conçu par une équipe du bassin et testé pendant un mois dans les installations du centre. Sa forme rappellerait les torpilles de la Seconde guerre mondiale, s'il n'y avait la géométrie très plate de l'arrière. Elle accueille le hublot qui permettra de filmer les poissons en déplacement. "Le défi technique est bien ici la stabilité du poisson, la capacité de la caméra intégrée à prendre des images utilisables", explique Marc Ferré, directeur du bassin. "Jonas correspond à la famille des engins remorqués utilisés par la Marine", analyse Fabrice Legrand, responsable technique des essais. "Mais ceux-ci plongent très profond, tandis que Jonas reste à moins de dix mètres de la surface avec un câble très long : exactement l'inverse". Suite aux premières réunions préparatoires avec l'équipe du film, en mai 2006, pour établir un cahier des charges précis, Fabrice Legrand se plonge en septembre dans le dessin du prototype unique de Jacques Perrin : une phase d'engineering avec des contraintes inhabituelles. Dans le volume restreint de Jonas, un tiers est dédié au conteneur de la caméra. Pour filmer en profitant de la lumière de la surface, il doit piquer légèrement du nez pour que la caméra regarde vers le haut. Ajoutez une balise de récupération, une poche à appât pour attirer les prédateurs, des bouteilles d'oxygène pour quelques effets spéciaux... Soit une cinquantaine de kilos pour un système "aux principes simples mais qu'il fallait réaliser en deux mois". En novembre 2006, les plans sont confiés à la société toulonnaise BMTI, tandis que Galatée lance en Suisse la fabrication du boîtier étanche de la caméra. Début mars 2007, Jonas arrive au Val-de-Reuil et entre directement en phase d'essai préparatoire dans le GTH. "Nous faisons des tests de comportement, poursuit Fabrice Legrand, pour définir les efforts hydrodynamiques appliqués, ses comportements dynamiques, la tenue de son assiette négative, sa stabilité... Bref, affirmer ses modèles de comportement pour mieux le connaître avant les essais complets dans le B600". Une plongée grandeur nature dans le bassin de traction de 600 mètres avec son système complet, soit 100 mètres de câble optique intégré au câble de traction, le treuil et toutes les connectiques. Les premières images de Jonas (des leurres lumineux pour valider la transmission de la caméra) se feront au B600" (Goulven Hamel, rapport de l'agence interne d'information de la DGA, 12 avril 2007).

"On va filmer les cavalcades de dauphins par mer forte", annonce Jacques Perrin. [...] Jacques Perrin, Jacques Clouzaud et Olli Barbé se tournent alors vers Jacques-Fernand Perrin, ingénieur de haut vol à la retraite, spécialisé dans le nucléaire puis l'armement défensif chez Thomson-Thalès. [...] Le clou des inventions est la torpille sous-marine tractée par le bateau, grâce à un câble en fibre optique de 100 mètres. Elle filme en marche arrière, de façon à voir les animaux de face, avec des pointes d'accélération jusqu'à 40 km à l'heure. Sa conception a demandé dix-neuf intervenants dans huit pays différents, sur deux continents. Coût : 1 million d'euros. Là encore, il y eut des débats fiévreux. Une partie de l'équipe pensait pouvoir "prendre un tuyau, mettre un truc au bout et filmer". Jacques-Fernand Perrin intervient : "Messieurs, mon expérience des objets volants ou navigants me dit que ce n'est pas aussi simple que ça. Car tout objet plongé dans un fluide, qui plus est à une vitesse de dix noeuds, va osciller et faire n'importe quoi". [...] Il faut des experts. Jacques-Fernand Perrin en connaît, ils conçoivent des submersibles ou des torpilles qui coulent des navires. Ils sont à la Direction générale de l'armement. Va pour la D.G.A. qui se prend au jeu. Elle met à disposition ses bureaux d'études, ses bassins de carène et son grand tunnel hydrodynamique à Val-de-Reuil, près de Rouen, où l'on teste les maquettes de sous-marins. Résultat, un bijou de technologie qui restera dans les annales. Alexandre Bugel, lui, doit imaginer des outils de manutention pour mettre rapidement la torpille à l'eau et l'en sortir, ainsi que le système de déroulement des 100 mètres de fibre optique qui relient la torpille au bateau. La coque argentée, fabriquée en matériau composite, fibre de verre, acier et plastique, est confiée à un petit industriel toulonnais qui travaille déjà pour la D.G.A. et l'Ifremer. Au premier essai, l'engin se retourne, ventre à l'air. Les ingénieurs se sont trompés dans les calculs du centre de gravité. Il faut retourner dans les bureaux d'études, rectifier la forme et le lestage. L'engin dont tout le monde redoute qu'il soit avalé par une baleine est baptisé Jonas. Il contient une moitié de caméra numérique, le câble en fibre optique communiquant des informations à l'autre moitié de la caméra restée à bord" (Dominique de Saint Pern, http://www.lemonde.fr).

Jonas sert pour la première fois en novembre 2007 à San Diego (Californie), Thomas Behrend étant chef opérateur, Dimitri Billecocq coordinateur, mais les poissons semblent avoir peur de l'appareil. Nouvel essai à l'Isla del Cano (Costa Rica) en avril 2008 avec Alexandre Poulichot (assistant réalisateur). Mais les dauphins n'aiment pas non plus Jonas. Repeint en rouge avec des autocollants argentés représentant des poissons (août 2008), le problème reste le même. On y accroche de vrais poissons et des prises de vues sont enfin réussies le 20 août 2008. Le film Océans n'exploitera que 1 ou 2 % des images prises avec Jonas au Costa Rica, à San Diego, en Alaska. D'autres appareils révolutionnaires ont été conçus pour ce film. Le tournage d'Océans s'est déroulé sur 54 lieux différents en 4 années, et en mobilisant 400 personnes autour de la planète.

"Sur le projet Jonas, j'étais principalement chargé de la conception et fabrication de tout le matériel autour de cette torpille, ce qui rendait possible son utilisation sur les tournages (rampe, treuil, etc.). Pour la conception et fabrication de Jonas, nous étions un groupe de travail d'une dizaine de personnes. Nous avions décidé comme base d'utiliser le capteur déporté d'une caméra Sony dans un caisson sous-marin de Subspace (Jean-Claude Protta) avec les données de l'image et l'alimentation qui passent par le câble tracteur. Ensuite il fallait donc dessiner Jonas lui-même. Avec un opérateur sous-marin, Didier Noirot, nous avions proposé un travail empirique, un aller-retour entre des constructions et des essais. Finalement, une approche beaucoup plus scientifique a été choisie, et le développement a été confié à la DGA (bassin des Carènes à Rouen). La forme d'origine de Jonas était cylindrique, mais apparemment la flottabilité n'était pas suffisante, ce qui lui a valu la bosse qui a poussé sur son dos. Vers la fin du tournage d'Océans, j'avais conçu une petite torpille autour du caisson de Jonas, un engin plus maniable, baptisé Siméon" (Alexander Bugel, e-mail du 20 août 2014).