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Engagements, combats, débats

Dunia

دنيا
Jocelyne Saab
Égypte-France-Liban / 2005 / 1:47:43 / VOSTF
Avec Hanan Turk, Mohamed Mounir, Fathy Abdel Wahab, Sawsan Badr, Khaled El-Sawy.

Étudiante en poésie soufie et danse orientale au Caire, Dunia rencontre le séduisant Dr Beshir, illustre penseur soufi et homme de lettres.

Dunia est le premier film que Jocelyne Saab tourne avec une caméra numérique. Lors de sa sortie en salles, le film était diffusé en 35 mm. Nous vous proposons un fichier numérique étalonné issu du fichier caméra original, confié par l'Association des amis de Jocelyne Saab. À la suite de la rétrospective « Les Astres de la guerre » organisée en 2013, Jocelyne Saab a déposé en 2018 une partie de ses films à la Cinémathèque Française. Remerciements à Nessim Ricardou-Saab et Mathilde Rouxel.


L'histoire de Jocelyne Saab avec l'Égypte est celle d'un amour déçu. Libanaise originaire de Beyrouth, elle a tourné ses premières images dans le Sinaï égyptien en 1973, lorsqu'elle était reporter de guerre pour la télévision française. Fascinée par le foisonnement culturel du Caire et d'Alexandrie, bercée depuis son enfance par les discours panarabes de Nasser, et solidaire de son peuple poète, Jocelyne Saab a tourné en Égypte tout au long de sa carrière. Elle y a pourtant souvent été mal reçue. La sortie en 1978 de son premier documentaire, Égypte : la cité des morts, lui vaut une interdiction de territoire pendant sept ans. En 1985, elle se voit empêchée par les autorités de tourner un sujet sur les banques islamistes qu'elle préparait pour France 3. Elle ne se résigne pas.

Initié à la fin des années 1990 et sorti en salles en 2005, Dunia est un projet audacieux et engagé dont le chemin s'est révélé dès les premières étapes des plus épineux. Hommage aux grands poètes soufis de la tradition arabe, le film dénonce les atteintes à la liberté de penser et la confiscation des plaisirs des femmes par une société égyptienne de plus en plus influencée par des groupes religieux intégristes. Jocelyne Saab ne s'est pas découragée devant l'interdiction du scénario par la censure égyptienne, ou par les menaces de mort anonymes qui l'ont visée pendant toute la durée du tournage. La cinéaste libanaise a su s'entourer d'une équipe fidèle qui a permis au tournage de se dérouler sans incident majeur malgré les difficultés de production et la mauvaise presse qui circulait autour du film.

Les obstacles administratifs sont réapparus au moment de la diffusion du film en salles, lorsque les autorités égyptiennes ont pris pour prétexte la nationalité étrangère de la réalisatrice pour empêcher la sortie du film en Égypte. Mais Jocelyne Saab a mené bataille, et son film a finalement été diffusé pendant une semaine au Caire avant d'être retiré de l'affiche. Maudit en Égypte, le film a été célébré dans de grands festivals internationaux (Sundance, Toronto, Asia Pacific Screen Awards, etc.) et surprend aujourd'hui encore par sa glaçante actualité.

Mathilde Rouxel


Initiée par le fils de l'artiste et conduite par une équipe bénévole, l'Association des amis de Jocelyne Saab dirige actuellement un projet de numérisation 4K, de restauration image et son et de diffusion de l'œuvre filmique de Jocelyne Saab. Vingt-trois films, courts et longs métrages tournés en 16 ou 35 mm, sont concernés par ce projet. Pour en savoir plus ou soutenir le projet : jocelynesaabasso.com

Lire aussi le texte d'hommage de Nicole Brenez à Jocelyne Saab sur le site de la Cinémathèque française