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Henri Langlois

Le Métro

Georges Franju, Henri Langlois
France / 1934 / 11:00 / Silencieux

Une étude visuelle dans le métro parisien, ses escaliers, rames, tunnels et voyageurs, emportés au rythme d'un montage court.

En 1985, un élément inversible 16 mm fut préservé sur pellicule 16 mm à 24 images par seconde. Pour la diffusion du film sur HENRI, la dernière numérisation (réalisée en 2014 à l'occasion du Centenaire Langlois) fut remise à bonne cadence, vitesse de défilement correspondant au tournage du film muet en 1934, soit 18 images par seconde.


En 1934, Henri Langlois et Georges Franju ont respectivement vingt et vingt-deux ans. Ils n'ont pas encore fondé, à eux deux principalement, la Cinémathèque française (1936), et pas non plus le Cercle du cinéma, un ciné-club avenue des Champs-Élysées (1935). Ils ont plus ou moins, surtout le second, l'idée de devenir réalisateurs. En revanche, une chose est déjà sûre et certaine à cette date : tous deux sont des cinéphiles invétérés, captivés dès les années 1920 par cet art encore nouveau, certes « muet » jusqu'en 1929, mais jamais aussi expressif et inventif selon eux de n'être pas doté de la parole. Alors, Le Métro, court métrage presque amateur, essai de film-essai, plus un bout-à-bout qu'un montage savant, sera non seulement muet, mais aussi inspiré entièrement par les avant-gardes silencieuses : Walter Ruttmann (Berlin, symphonie d'une grande ville), Lucie Derain (Harmonies de Paris), Germaine Dulac (La Coquille et le clergyman), sans oublier un versant populaire tout aussi suggestif (le Fantômas de Louis Feuillade). Le Métro est un éloge de jeunesse adressé à l'âge mécanique (rames électriques et escaliers roulants), aux jeux d'ombres et de lumière, aux lignes et à la vitesse. C'est en somme l'éloge naïf et sincère des puissances du cinéma, ce Dieu moderne du mouvement. De ce temps du Métro, Langlois gardera le goût de l'expérimental, du secret et des souterrains. Quant à Franju, il s'en est assurément souvenu en tournant, presque vingt-cinq ans après, un autre court métrage sans paroles, La Première nuit (1958), cherchant encore avec son œil d'aigle la poésie du fantastique quotidien dans les couloirs du métro parisien.

Bernard Benoliel