Jean Epstein

Le Tempestaire

Jean Epstein
France / 1947 / 23:05 / Sous-titres anglais (English subtitles in option)
Avec les pêcheurs et les gardiens de phare de Belle-Île-en-Mer.

Une jeune fille s'inquiète de l'absence de son fiancé parti en haute mer. Elle s'en va trouver un tempestaire, ce mage qui, selon une antique croyance, a le pouvoir de commander aux éléments naturels.

Le Tempestaire a été restauré en 2013 à partir d'un élément de conservation provenant des collections de la Cinémathèque française et issu des négatifs originaux image et son nitrate, aujourd'hui disparus. Cet élément a fait l'objet d'une numérisation 2K pour l'image (réalisée chez CineNova) et d'une restauration numérique pour le son (réalisée chez L. E. Diapason). Cette restauration a reçu le soutien du fonds d'aide à la numérisation des films de patrimoine du CNC et a été menée à bien avec le concours de Béatrice Costantini.


« Le premier personnage – et personnage surhumain – dont il fallait s'assurer la collaboration pour pouvoir réaliser Le Tempestaire, c'était évidemment la tempête. » (Jean Epstein)

Ce n'est qu'au lendemain de la guerre, période cruelle pour Jean et Marie Epstein, muselés et attachés à un bureau administratif de la Croix-Rouge après avoir évité de justesse la déportation, que Le Tempestaire fut réalisé. Le film est une synthèse en quelque sorte de l'inspiration réaliste et des recherches formelles mystiques d'Epstein. L'histoire du Tempestaire est écrite d'après la légende traditionnelle bretonne des siffleurs-guérisseurs de vent : des anciens, souvent reclus, qui ont le pouvoir de calmer la tempête. Jean Epstein avait également le projet d'adapter à l'écran la légende d'Ys, la cité engloutie, et du Bag-Noz, le « bateau de la nuit », la barque des morts qui transporte l'âme des noyés. Le Tempestaire est l'avant-dernier volet du cycle maritime, soit près de quinze ans après L'Or des mers. Le film est tourné avec les pêcheurs et les gardiens de phare de Belle-Île-en-Mer, entre décembre 1946 et janvier 1947, dans l'inclémence et le gros temps de l'hiver, loin de l'imagerie rapportée des touristes estivaux. C'est Nino Costantini, fidèle acolyte acteur-assistant depuis les années 1920, qui permet au film d'exister grâce à sa société de production Filmagazine mais également sa maison de distribution Le Trident. Et si l'on écoute Léon Vareille, l'un des ingénieurs son du film : « Le Tempestaire est un poème de la mer raconté par le vent. » Film-concept, cri nouveau, et, selon les mots d'Henri Langlois dans son article fondamental de 1953 publié à la mort d'Epstein dans les Cahiers du cinéma : « Ce n'est ni un film d'hier, ni un film d'aujourd'hui. Ce qui frappe, c'est sa profonde poésie, sa résonance humaine et l'extrême équilibre de sa composition, c'est une œuvre qui démontre ce qu'aurait pu être le cinéma si certains n'étaient pas morts. C'est un chef-d'œuvre qui préfigure l'avenir. »

Émilie Cauquy