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HENRI, premier anniversaire

La Pince à ongles

Jean-Claude Carrière
France / 1969 / 11:33 / Sous-titres anglais (English subtitles in option)
Avec Michael Lonsdale, Marie Descott, Henri Garcin.

La disparition d'une pince à ongles dans une chambre d'hôtel provoque la frayeur des propriétaires de l'objet capricieux.

The disappearance of some nail clippers in a hotel room puzzles the owners of the capricious object.

Remerciements à Sergueï Obolensky (Orange Studio).


« L'objet est rarement complice. Quand on l'oublie quelque part, il semble appeler au secours, crier : "Mais qu'allez-vous faire sans moi ?" De là le soin extrême qu'il faut apporter au choix de cet objet et surtout à la manière de le filmer. Car il est un acteur comme un autre. Il pourrait, si nous lui donnions la parole, raconter l'histoire de son point de vue – qui ne serait pas forcément le nôtre. J'ai moi-même réalisé un court métrage, qui s'intitule La Pince à ongles, et qui tourne autour de cet objet, lequel disparaît mystérieusement au début, pour réapparaître à la fin, après quelques ravages inexpliqués. » (Jean-Claude Carrière, Ateliers)

C'est l'histoire d'un objet familier qui décide de se cacher et, par sa fourberie, remet en question l'ordre visible du monde. La Pince à ongles, unique incursion de Jean-Claude Carrière dans le domaine de la réalisation, a été écrit en France à l'époque de la préparation de Taking Off de Milos Forman (où il est crédité comme co-scénariste). Le film a reçu le Prix spécial du jury court métrage au Festival de Cannes en 1969. Il a la grâce poétique d'un rébus et pose de manière inédite une question pourtant courante : et si les objets avaient une vie qui leur est propre ?

Michael Lonsdale, superbe dans l'élégance désabusée qui allait fasciner Buñuel, Eustache et Duras, se révèle après tout un simple humain, dépassé. Sa femme (Marie Descott) est elle-même incapable de l'aider. C'est que le cinéma est là pour montrer une dimension supplémentaire du réel : quelques raccords et le tour est joué. Le monde est bouleversé par la vie truculente des objets.

Gabriela Trujillo