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Toute la mémoire du monde 2022

Rush - Voyage à Moscou

Chris Marker
France / 1990 / 1:49:04

Étonnant journal de voyage inédit, tourné par Chris Marker en vidéo analogique à l'occasion d'une projection de L'Aveu à Moscou en 1990, en compagnie de Costa-Gavras, Jorge Semprún et Yves Montand.

Rushes numérisés d'après Beta SP sur fichier HD issus des archives audiovisuelles Chris Marker conservées à la Cinémathèque française. Certaines images seront intégrées au montage du Tombeau d'Alexandre (1992). Remerciements à Costa-Gavras et KG Productions.

Pour préserver l'aspect brut de ces rushes, l'écran noir présent pendant environ 50 secondes au début de la bande a été conservé, et les propos en russe n'ont pas été sous-titrés.


Le 29 juillet 2012 à Paris disparaissait Chris Marker. Dans une lettre adressée quelque temps auparavant à Costa-Gavras, il faisait part de son souhait que la Cinémathèque assure la conservation de ses archives professionnelles. Quelques 550 cartons inventoriés et une exposition (« Chris Marker, les 7 vies d'un cinéaste », 2018) plus tard, découverte de ce Rush – Voyage à Moscou, quasiment tourné-monté en 1990 aux côtés de Costa-Gavras, Jorge Semprún et surtout Yves Montand. Ensemble, ils « retournent » montrer L'Aveu en Russie, en pleine fin de perestroïka, en pleine « fin de l'homme rouge ». Armé de son caméscope, Marker filme et enregistre les commentaires, endosse le rôle de contemporain capital selon cette méthode ethnographique unique qu'il a mise au point (le bout à bout des rushes en témoigne, comme cette scène insert d'un court échange avec Florence Malraux, qui était aussi du voyage, tout comme cette autre scène hallucinante où Montand désigne de sa main les emplacements d'un dîner mythique avec Krouchtchev et Simone, en 56, dans une petite antichambre de l'Opéra). Et puis Marker part en solitaire à la rencontre des Russes, « les gens bien » pour reprendre Simone Signoret dans On vous parle de Prague, fixant certains visages, scannant la foule, repérant des vendeurs à la sauvette de Pravda non officielle, se rendant au cimetière sur la tombe de Vyssotski, s'attardant sur un chat, bien évidemment.

Émilie Cauquy