Avant-gardes et incunables

L'Âge d'or (chutes)

Luis Buñuel
France / 1930 / 6:39 / Silencieux
Avec Gaston Modot, Lya Lys.

Ensemble de prises de vues originales du film L'Âge d'or non retenues dans le montage final.

La restauration 4K du film L'Âge d'or a été menée en 2019 par la Cinémathèque française et le Centre Pompidou (MNAM-CCI / Service du cinéma expérimental) grâce au soutien de Pathé et de la maison de champagne Piper-Heidsieck, mécènes de la Cinémathèque française. Les travaux ont été réalisés au laboratoire Hiventy pour l'image et au studio L. E. Diapason pour le son à partir des négatifs nitrate image et son d'origine et des éléments de sauvegarde conservés dans les deux institutions. Nous vous présentons ici un ensemble de chutes retrouvées du film sur support nitrate original (négatif caméra et copie positive) issu des collections de la Cinémathèque française.


« Pour moi il s'agissait aussi – et surtout – d'un film d'amour fou, d'une poussée irrésistible qui jette l'un vers l'autre, quelles que soient les circonstances, un homme et une femme qui ne peuvent jamais s'unir. » (Luis Buñuel, Mon dernier soupir)

Étant donné l'amour sublime, s'opposant depuis la nuit des temps à l'hypocrisie de la société : voici le seul résumé possible de L'Âge d'or, œuvre qui connut la plus longue censure dans l'histoire du cinéma en France. Interdit, banni pendant cinquante ans, le deuxième film de Luis Buñuel a divisé les consciences autant qu'il a incarné, par son audace et son irrévérence, le tournant du surréalisme vers un engagement dans le cours de l'Histoire. Mais avant le scandale de décembre 1930, Buñuel assure tout seul le montage du moyen métrage financé par Charles de Noailles. Dans les chutes de ce film-monde, on voit les studios de Billancourt ainsi que les falaises de Cadaqués, lieux du tournage. Les acteurs Lya Lys et Gaston Modot, entre deux prises : elle lèche encore l'orteil d'une statue, il se défait de son personnage enragé pour jouer avec grâce de son chapeau melon. Comment dire à une vache qu'on refait la prise ? Surtout, on y découvre le jeune Buñuel, cigarette à la bouche, tenant lui-même le clap avant de jeter à la face du monde un inoubliable cri d'amour et révolte.

Gabriela Trujillo