The Skywalk Is Gone

Cette production franco-taïwanaise a été réalisée par Tsai Ming-liang lors de son séjour au Fresnoy comme artiste invité (2001-2002). Remerciements à Tsai Ming-liang, Claude Wang (Homegreen films), Judith Revault d'Allonnes et Amélie Galli (Centre Pompidou) et François Bonenfant (Le Fresnoy).

Pour clôre cet hommage à l'école du cinéma du Fresnoy et en clin d'œil à l'exposition et rétrospective qui lui est consacrée au Centre Pompidou (du 25 novembre 2022 au 2 janvier 2023), quoi de mieux que le malicieux court métrage de Tsai Ming-liang, The Skywalk Is Gone ?

En 2001, Tsai Ming-liang est artiste-professeur invité au Fresnoy. Il arrive les valises pleines de nourriture qu'il cuisine pour ses étudiants, tout en leur prodiguant des conseils de création. L'idée lui vient d'un film qui ferait le pont entre Taïwan et l'école. Il emmène donc quelques étudiants pour réaliser ce petit film qui s'articule autour de la disparition de la passerelle qui permettait de traverser la rue devant la gare centrale de Taipei. Le film s'apparente à une fantaisie cinéphile, qui voit Chen Shiang-chyi, croisée dans La Rivière, puis jeune fille perdue dans un Paris hivernal et hostile dans Et là bas, quelle heure est-il ? de retour dans un Taipei écrasé de soleil, et qui a changé pendant son absence. Le fameux pont où elle a rencontré Hsiao Kang (Lee Kang-sheng) dans le film précédent a donc disparu. Elle hante les lieux des films où elle est apparue auparavant. Et ce n'est pas seulement le pont qui n'est plus là, c'est aussi l'eau ! Jusque-là toujours en surabondance dans les histoires de Tsai, elle s'est évaporée.

De son côté, Hsiao Kang n'est pas loin, et après avoir été vendeur de montres de contrefaçon dans Et là bas, quelle heure est-il ?, il s'essaie à une nouvelle carrière d'acteur (la tentative avait eu des effets délétères sur lui dans La Rivière).

Cela vous paraît familier ? C'est bien normal : ce petit film, finalement assez méconnu, est le pont, un épisode discret, qui fait le lien entre Et là bas, quelle heure est-il ? et La Saveur de la pastèque tourné quelques années plus tard. Entre clin d'œil et autoréférences, Tsai s'amuse, et nous avec lui, dans ce jeu cinéphile, où les personnages/acteurs semblent être les mêmes et autres, comme des réincarnations ignorantes de leurs vies passées, et pourtant poussées à la rejouer, ces vies pourtant restées bien vivantes et gravées dans nos mémoires cinéphiles.

Wafa Ghermani

Au sujet de la rétrospective Tsai Ming-liang et de l'exposition « Une quête » au Centre Pompidou jusqu'au 2 janvier 2023 : https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/2ZHkZ5S