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Engagements, combats, débats

Les Enfants de la guerre

Jocelyne Saab
France / 1976 / 11:27 / Sous-titres anglais (English subtitles in option)

Quelques jours après le massacre de la Quarantaine, dans un bidonville à majorité musulmane de Beyrouth, Jocelyne Saab va à la rencontre des enfants rescapés, marqués par les visions horribles des combats qui se sont déroulés sous leurs yeux. Elle leur offre des crayons pour dessiner et les invite à jouer sous l'œil de sa caméra.

Cette version des Enfants de la guerre a été réalisée à partir de la numérisation d'une sauvegarde image sur MiniDV au milieu des années 2000 à partir du négatif 16 mm du film. La numérisation du matériel, la synchronisation sonore et le sous-titrage multilingue du film ont été réalisés en août 2019 à l'initiative de l'Association des amis de Jocelyne Saab avec le soutien de l'association Film Flamme / Polygone étoilé. À la suite de la rétrospective « Les Astres de la guerre » organisée en 2013, Jocelyne Saab a déposé en 2018 une partie de ses films à la Cinémathèque Française. Remerciements à Nessim Ricardou-Saab et Mathilde Rouxel.


Jocelyne Saab (1948-2019) travaille déjà pour la télévision française depuis deux ans lorsqu'elle décide en 1976 de filmer les rues de Beyrouth, sa ville natale, croulant sous les balles de la guerre civile qui durera quinze ans. Promue très jeune à la fonction de grand reporter pour le magazine « 52 » de FR3, elle a déjà acquis à cette époque une solide expérience de la guerre et des complications politiques du Moyen-Orient. Alors qu'elle a pour projet de partir filmer la libération du Vietnam, la guerre éclate au Liban le 13 avril 1975. Jocelyne rompt alors ses engagements avec les chaînes de télévision pour se consacrer à filmer son pays natal qui s'enfonce progressivement dans le chaos d'une guerre absurde. Les Enfants de la guerre (1976) rend compte du massacre perpétré par des milices chrétiennes dans le quartier de la Quarantaine, au Nord-Est de Beyrouth, principalement peuplé par des familles libanaises, syriennes de confession musulmane et de réfugiés kurdes vivant dans la précarité. Jocelyne Saab n'a pas filmé le massacre. Elle s'est rendue sur les lieux le lendemain matin et s'est approchée des enfants rescapés, laissés pour compte, abandonnés. Alors qu'elle filme leurs jeux sur la plage, les enfants rejouent devant sa caméra les scènes du massacre qui les a faits orphelins. Souhaitant qu'ils s'expriment sur ce qu'ils ont vécu, ce sont des chars, des cadavres et des ruines qu'ils tracent sur les feuilles avec leurs feutres de couleur.

Quand Jocelyne Saab a présenté son film à FR3, qui l'a diffusé, aucun de ses collègues n'a voulu croire à la vérité de ces images. Pourtant, rien n'avait été mis en scène. Dix minutes bouleversantes ont suffi à Jocelyne Saab pour saisir à travers de simples jeux d'enfants la disparition de l'innocence dans la folie meurtrière d'une guerre sans nom.

Mathilde Rouxel

Initiée par le fils de l'artiste et conduite par une équipe bénévole, l'Association des amis de Jocelyne Saab dirige actuellement un projet de numérisation 4K, de restauration image et son et de diffusion de l'œuvre filmique de Jocelyne Saab. Vingt-trois films, courts et longs métrages tournés en 16 ou 35 mm, sont concernés par ce projet. Pour en savoir plus ou soutenir le projet : jocelynesaabasso.com

L'association remercie Martine Derain, Cyrielle Faure et Nicola Bergamaschi (Film Flamme / Polygone étoilé), Éric Le Roy (CNC), Mahdi El Lyoubi, Lucie Charlier, Victoria Rezelman, Yassmine Abouelfath, Mazen Hamdain, Ahmed El Shebiny, Hassan Jabali, Jad Dani Ali Hassan, Jinane Mrad et Nessim Ricardou-Saab.