Avant-gardes et incunables

Jeux d'ombres

Émile Malespine
France / 1929 / 4:26 / Silencieux

« Jeux d'ombres présente des objets dont la reconnaissance est rendue difficile par la fragmentation, qui leur prête un aspect kaléidoscopique. On y voit des fenêtres en rosaces, montées avec des gros plans de fleurs, des passages repris en négatif, mais l'originalité du film est de montrer la richesse des formes mobiles qui, n'étant pas immédiatement identifiées, ne sont pas figées en imagerie. » (Patrick de Haas)

Film sauvegardé en 1997 d'après un négatif image conservé dans les collections de la Cinémathèque française.


Jeux d'ombres et Jeux arborescents, réalisés entre 1928 et 1931 par Émile Malespine, furent redécouverts en 1997 dans les collections de la Cinémathèque française. Émile Malespine était biologiste, neuropsychiatre, zoologiste, licencié de mathématiques et surtout peintre et poète. Il créa à Lyon, sa ville, une sorte de « filiale » du mouvement dada. Il avait connu André Breton et Aragon dès 1919 et rencontré tôt le couple Arp. Dès 1922, il écrivait à Tristan Tzara pour lui présenter sa revue Manomètre, dont le titre dit bien la rencontre entre la poésie et les sciences. Malespine, comme tous les artistes et tous les intellectuels des années 1920, « toucha à tout », y compris à l'architecture, au théâtre et de toute évidence... au cinéma. Nous savons peu de chose, à ce jour, sur les films de Malespine, dont celui-ci a un peu l'allure d'un film de famille. Exceptionnellement beaux, libres et inventifs, ils se réfèrent aux « jeux ». C'est dire l'humilité et l'absence d'esprit de sérieux de l'équipe qui entourait Malespine (sa famille ?) et s'amuse dans Jeux arborescents. Les relations entre les rosaces en vitrail et les formes florales, entre la géométrie architecturale et celle, aléatoire, des branches d'arbres (d'où l'arborescence), entre les figures de trames et de cercles, entre le positif et le négatif librement alternés, entre le flou et le défini, forment un catalogue éblouissant des obsessions plastiques d'une époque.

Dominique Païni


Pour aller plus loin :

  • L'ouvrage Jeune, dure et pure ! Une histoire du cinéma d'avant-garde et expérimental en France, sous la direction de Nicole Brenez et Christian Lebrat (Cinémathèque française / Mazzotta, 2001), épuisé, est disponible en ligne : http://www.cineressources.net/consultationPdf/web/o000/591.pdf (PDF, 99,5 Mo)
Plus de détails sur « Jeux d'ombres » sur le Catalogue des restaurations et tirages de la Cinémathèque française