Dessin de Walter Schulze-Mittendorff pour Le Testament du Dr Mabuse de Fritz Lang, 1932
(mine de graphite sur papier, 46 x 34 cm).
Créateur de costume, architecte, plasticien
(1893-1976)
Walter Schulze-Mittendorff débute au cinéma en 1922 comme décorateur du film Der Graf von Essex, de Peter Paul Felner. Il est surtout célèbre pour avoir dessiné et fabriqué pour Fritz Lang le «robot» de Metropolis, devenu une véritable icône du septième art.
La Cinémathèque française demande dès 1964 à Schulze-Mittendorff d’étudier la possibilité de reconstituer ce robot, mais il faudra attendre 1970 pour que le décorateur s’exécute. Cette année-là, il reçoit en effet de Lotte Eisner une commande ferme pour fabriquer le Maschinen-Mensch («être humain-machine»), sans aucune partie mobile («l’apparence ne changera pas, et la statue sera mieux garantie contre les dégradations»). Lotte Eisner finance la reconstitution. En revanche, faute d’argent, la Cinémathèque ne pourra acquérir, toujours en 1970, les extraordinaires têtes sculptées des sept péchés mortels de Metropolis que Schulze-Mittendorff restaure et propose à la vente.
Le décorateur a laissé quelques explications sur la fabrication de son robot: «Problèmes de forme? Non! L’expressionnisme vivait. La forme technique avait été découverte comme motif pour la peinture et la sculpture. La primauté allait dans ce cas à la question: “Quel matériau?” […]. Le hasard m’aida. […] Une petite boîte de carton avec l’inscription “Bois plastique” attira mon attention. […] Le bois-plastique était une masse de bois malléable, durcissant très rapidement à l’air et qu’il était alors possible de travailler comme du bois naturel. Il était nécessaire de soumettre Brigitte Helm à une procédure peu agréable pour elle - faire un moulage en plâtre de tout son corps. Des morceaux de toile d’emballage, découpés comme une armure, furent recouverts sur deux millimètres environ, par la masse de bois, aplatie avec un vulgaire rouleau à pâtisserie, puis disposés sur la “Brigitte Helm de plâtre”, à la manière dont un cordonnier dispose le cuir sur sa forme. Une fois le matériel durci, les parties furent polies et les contours coupés. Telle fut, en gros, la structure de la “créature-machine” qui permettait à l’actrice de se lever, de s’asseoir et de marcher. Étape suivante: la décoration et la réalisation des détails […]. Et, enfin, de la laque de cellulose mélangée à du bronze argenté, appliquée avec un pistolet vaporisateur, produisit l’apparence métallique, convaincante même à l’œil nu. Le travail avait duré quatre semaines» (cité par Lotte H. Eisner, Fritz Lang, Cahiers du cinéma/Éditions de l’Étoile/Cinémathèque française, 1984, p. 112-113).
Schulze-Mittendorff signe les costumes de son dernier film en 1965.
Laurent Mannoni