Dessin d’Erich Kettelhut pour Metropolis de Fritz Lang, 1926
(lavis d’encre sur papier, 43 x 55,5 cm)
Décorateur de théâtre et de cinéma allemand
(Berlin, 1893 - Hambourg, 1979)
Fils d’un tailleur, Erich Kettelhut fréquente l’école puis le lycée communal de Berlin avant de suivre un apprentissage de peintre décorateur de théâtre et de fréquenter parallèlement différentes écoles d’art. A cette période, il travaille ponctuellement aux décors de différents théâtres et notamment à celui d’Aix-la-Chapelle où il collabore pour la première fois avec son futur collègue Otto Hunte. Après sa démobilisation, en 1918, et grâce à Hunte, Kettelhut rejoint la société de décoration Martin Jacoby-Boy, elle-même employée par la société de production du réalisateur allemand Joe May.
Kettelhut fait ses premières armes au cinéma en 1919 sur le film à épisodes Die Herrin der Welt (La Maîtresse du monde). Engagé par le réalisateur Joe May en tant qu’assistant décorateur de Martin Jacoby-Boy, il retrouve les deux hommes en 1920 pour Die Legende von der heiligen Simplicia et encore en 1921 pour Le Tombeau hindou. Le scénario de ce film (tout comme celui de Die Herrin der Welt) est signé Fritz Lang, pour lequel il a déjà réalisé les maquettes des décors du film Das wandernde Bild en 1920.
Au cours des années 1920, il travaille avec Lang sur plusieurs films majeurs: les deux épisodes de Docteur Mabuse, le joueur en 1922, les deux épisodes des Nibelungen de 1922 à 1924 et Metropolis en 1925-1926. Sur ces différents films, il est engagé conjointement avec Otto Hunte et Karl Vollbrecht. Responsable à la fois de la conception des décors, de la réalisation des maquettes et de leur construction, le trio d’architectes se rend célèbre grâce à ces films. En 1927, Kettelhut participe au film Berlin, symphonie d’une grande ville de Walther Ruttmann, documentaire retraçant la vie d’une ville de l’aube à la nuit. Joe May fait de nouveau appel à lui en 1929 pour Asphalt, mélodrame dominé par le spectacle de la rue. En quelques années, Kettelhut est devenu un décorateur incontournable de la production allemande, adaptant sa technique venue du théâtre au cinéma, le plus souvent dans des décors spectaculaires. De 1927 à 1932, Kettelhut ne travaille plus en équipe et collabore souvent avec les mêmes réalisateurs: Hanns Schwarz (dont Melodie des Herzens, le premier film parlant de la UFA), Robert Siodmak, Paul Martin. En 1932, il signe les décors de la spectaculaire base de lancement flottante de I.F.1 ne répond plus, film d’anticipation de Karl Hartl.
De 1933 à 1939, Kettelhut participe à plus de trente-cinq films, avec des collaborations régulières: quatre films avec Arthur Robison comme Fürst Woronzeff (Le Secret des Woronzeff) en 1934, huit films avec Paul Martin. Au cours de cette période, il travaille le plus souvent en duo avec d’autres décorateurs: Max Mellin, Herbert Frohberg ou encore Ernst Albrecht. En 1935, sur Ehestreik, il dessine ses premiers décors pour Georg Jacoby, avec lequel il fera au total quatorze films, pour la plupart des opérettes ou films musicaux comme Kora Terry (Cora Terry) en 1940 ou Sensation in San Remo en 1951. Kettelhut participe à quelques films pendant la guerre, mais son activité reprend véritablement après la naissance de l’Allemagne fédérale: il travaille à nouveau avec d’autres décorateurs, d’abord Max Vorwerg jusqu’en 1953, mais surtout Johannes Ott de 1953 à 1960.
En 1960, il participe au dernier film de Fritz Lang en signant les décors de Die Tausend Augen des Dr. Mabuse (Le Diabolique Docteur Mabuse), puis consacre les dernières années de sa carrière à des réalisations de télévision.
Géraldine Farghen