Dessin d’Emil Hasler pour M (M, le maudit) de Fritz Lang, 1931
(pastel, gouache et lavis d’encre sur papier, 35 x 50 cm)
Architecte-décorateur de cinéma
(Berlin, 1901-1986)
Emil Hasler commence à travailler dans le cinéma le 1er avril 1919, engagé par Messter Film aux studios de Tempelhof. Dès lors, sa carrière se confond avec celle des studios berlinois, de La Princesse aux huîtres de Lubitsch (assistant décorateur) aux derniers téléfilms de Wilhelm Dieterle dans les années 1960. Après avoir été l’assistant de O. F. Werndorff sur Variétés (Dupont) et plusieurs films de Robert Wiene (I.N.R.I.), il devient chef décorateur et collabore avec Ernö Metzner sur Journal d’une fille perdue (Pabst), avec Otto Hunte sur La Femme sur la Lune de Lang et L’Ange bleu de Sternberg. Lang, mettant fin à sa collaboration avec Hunte, le remplace par Hasler pour M et Le Testament du docteur Mabuse, films où se donne libre cours leur obsession commune de la reconstitution exacte jusque dans le moindre détail. Ayant peu de sympathie pour le national-socialisme, Hasler se consacre jusqu’en 1945 aux films de divertissement: il travaille pour Geza von Bolvary (quinze films), E. W. Emo, Josef von Baky (on lui doit les décors de la superproduction en couleurs Münchhausen), A. M. Rabenalt, Paul Verhoeven… Il continue après la guerre, d’abord dans les studios de la RDA (Defa): Affaire Blum d’Erich Engel, puis à l’Ouest: plus de cinquante films entre 1949 et 1960, date à laquelle il se consacre à la télévision avant de prendre sa retraite en 1968.
«A mon arrivée chez Messter, j’ai été étonné de découvrir qu’ils faisaient encore des murs en toile tendue sur des châssis: quand on ouvrait une porte, elle tremblotait. Même au théâtre, sur les scènes royales où j’avais été stagiaire, il y avait longtemps qu’on avait renoncé au contreplaqué. Notre première tâche a été de leur faire abandonner tout ça; nous avons entrepris de constituer un magasin permanent de décors et d’accessoires. La menuiserie du studio n’y a bientôt plus suffi, il a fallu passer de grandes commandes dans Berlin. Quelques années plus tard seulement, pour M, nous avons moulé les pavés des rues en ciment et en plâtre avec des matrices métalliques.»
Bernard Eisenschitz
Sources: «Emil Hasler», CineGraph, Lexikon zum deutschsprachigen Film, Lieferung 10, Hamburg, 1988; Bernard Eisenschitz, entretien avec Emil Hasler, mai 1970, extraits dans Cinématographe, n°75, février 1982.