Kenji Mizoguchi

Ugetsu monogatari

(Les Contes de la lune vague après la pluie), 1953

Kenji Mizoguchi (1898-1956) a déjà réalisé plusieurs dizaines de films lorsqu'il tourne Les Contes de la lune vague après la pluie (Ugetsu monogatari), en 1953. Malgré le Lion d'argent qu'elle remporte à Venise, cette œuvre magnifique ne sort en France qu'en 1959. Elle reçoit alors une critique élogieuse.

Le cinéaste japonais adapte deux contes populaires nippons, tout en s'inspirant de plusieurs nouvelles de Guy de Maupassant (1). Il situe l'action au XVIe siècle. La région du lac Biwa est ravagée par la guerre civile. Un potier (Genjuro) et son beau-frère paysan (Tobeï) partent pour la ville. Alors qu'il vend ses poteries au marché, Genjuro rencontre la princesse Wakasa, et devient son amant. Il goûte alors à des plaisirs esthétiques, artificiels et illusoires.

L'épouse de Genjuro, Miyagi, est cantonnée au rôle de femme soumise, de mère prudente et affectueuse. Son fichu et son allure de paysanne la privent d'élégance, de séduction. La princesse Wakasa est, au contraire, la projection du désir érotique de Genjuro. Mais il n'étreint dans cette scène qu'un fantôme, un fantasme. Wakasa offre sa chevelure chatoyante, symbole d'une féminité fétichisée.

À l'instar de l'ensemble de l'œuvre de Mizoguchi, Les Contes de la lune vague après la pluie prend le parti des femmes. Victime sociale du désir masculin, la femme assume seule la réalité, quand l'homme vit dans l'avidité, l'ambition et le besoin de domination.

(1) Au sujet de la construction du scénario et des inspirations de Mizoguchi, voir l'article de Yoda Yoshikata, "Souvenirs sur Mizoguchi (7)", dans les Cahiers du cinéma, n° 192, juillet-août 1967, pp. 55 et 59.

Ugetsu monogatari (Kenji Mizoguchi)
Hans Hillman - Ugetsu monogatari (Kenji Mizoguchi) - 1953
Ugetsu monogatari
Kenji Mizoguchi - Ugetsu monogatari - 1953
Ugetsu monogatari
Kenji Mizoguchi - Ugetsu monogatari - 1953
Chevelure fétiche
Chevelure fantôme
Coiffes japonaises