Belladonna des tristesses

jeudi 6 avril 2017, 20h00

Salle Jean Epstein

20h00 21h35 (93 min)

Séance 16 : splendeurs des sorcières

Premier volet d'une trilogie sexuelle, film psychédélique sur la violence des hommes contre les femmes figurée en pouvoir répressif contre les sorcières, Belladonna est un chef-d'œuvre de l'animation expérimentalo-érotique, désespéré, labyrinthique et fort d'une conscience féministe visionnaire.

Version restaurée 4K par EUROZOOM pour la ressortie en salle le 15 juin 2016. Avec l'aimable autorisation de MUSHI PRODUCTION, CO.LTD


Belladonna des tristesses Kanashimi no Beradonna [哀しみのベラドンナ
Eiichi Yamamoto
Japon / 1973 / 93 min / DCP / VOSTF
D'après l'ouvrage La Sorcière de Jules Michelet.
Avec Aiko Nagayama, Tatsuya Nakadai, Katsuyuki Itô.

Jeanne, dans l'espoir d'obtenir vengeance, pactise avec le Diable après avoir été violée par le seigneur de son village. « Influencés par l'Art nouveau, les plans évoquent Alfons Mucha, Aubrey Beardsley, Gustav Klimt, Egon Schiele. La conclusion du film, marquée par l'idéologie d'une époque hyper-libertaire, rappelle l'apport des femmes dans la Révolution française. » (Jean-Marie Lanlo)

Belladonna des tristesses d'Eiichi Yamamoto, adaptation de La Sorcière de Michelet, est une aventure graphique alors inédite dans le cinéma d'animation japonais, empruntant à l'Art nouveau, à Gustav Klimt et Aubrey Beardsley mais aussi au Yellow Submarine de George Dunning. Ce véritable opéra-rock à la folle imagination s'inscrit dans la culture underground de l'époque, proche autant du baroque de Shuji Terayama que du cinéma pink de Koji Wakamatsu, qu'il rejoint par sa virulence révolutionnaire. Comme chez l'auteur de La Vierge violente, les tortures dont est l'objet la sorcière ne servent pas une apologie de la soumission féminine mais au contraire de sa libération. Inoubliable est ainsi la jouissance éperdue de la sorcière, engloutie dans l'ombre gigantesque du prince des ténèbres (auquel le mythique Tatsuya Nakadai prête sa voix) qui se dilate et se contracte autour de son corps blanc. Avec sa cohorte de femmes brûlées, torturées ou crucifiées de peur que leur puissance ne renverse la domination masculine, Belladonna respecte à la lettre le caractère visionnaire et féministe du livre de Michelet.

Stéphane du Mesnildot