Quitting

lundi 30 janvier 2017, 21h00

Salle Jean Epstein

21h00 23h00 (118 min)

Quitting Zuotian
Zhang Yang
Chine / 2001 / 118 min / DCP / VOSTF / Film inédit en France.

Avec Jia Hongsheng, Jia Fengsen, Chai Xiuling.

Jia Hongsheng, l'acteur charismatique et vulnérable de La Rivière Suzhou, recrée sa lutte contre la dépendance aux drogues. Hommage à l'une des figures les plus attachantes du cinéma indépendant chinois, qui devait se suicider en 2010.

Film inédit en France. Quitting a reçu le Prix NETPAC (Festival de Venise).


Né en 1967 à Siping, préfecture de la province de Jilin dans le nord-est de la Chine (où son père dirigeait une troupe de théâtre local), Jia Hongsheng sortit de Académie centrale d’art dramatique de Pékin en 1989 – l’année des événements de la Place Tiananmen. Très vite, sa sensibilité et son immense talent firent de lui l’icône de sa génération. Il interpréta des jeunes hommes cyniques ou désabusés dans Samsara (1988) de Huang Jianxin, Good Morning Beijing (1991) de Zhang Nuanxing et Week-end Lover (1995), le premier film de Lou Ye ; et un artiste d’avant-garde mettant en scène son propre suicide dans Frozen (1996) de Wang Xiaoshuai. Il fit brièvement partie d’un groupe de rock et joua Le Baiser de la femme araignée mis en scène au théâtre par son ami Zhang Yang en 1992. Mais il dut aussi se compromettre dans des films commerciaux et des séries télé, ce qui le déprima – état d’esprit aggravé par sa dépendance à la drogue. Jia disparut de la « scène » pour réapparaître dans La Rivière Suzhou (2000), puis Quitting, pour lequel Zhang Yan lui offrit la chance de rejouer, en compagnie des gens de sa famille et de ses proches amis, la saga de sa lutte contre la dépendance.

Sur le plan du travail des acteurs, Quitting annonce des films présentés dans ce cycle, comme Oxhide, Memories Look at Me et A Simple Goodbye, où la fiction s’ancre dans le corps de l’artiste qui joue son propre rôle, entouré(e) d’acteurs non-professionnels – avec des effets dramatiques violents quand le réel remis en scène devient plus insupportable encore, tel ce moment où le fils gifle son propre père venu à Pékin pour le « sauver ». Sur le plan formel, Zhang met en avant sa propre transition artistique entre la mise en scène de théâtre et celle de cinéma. Mises à part de belles échappées où Jia Hongsheng arpente les rues de Pékin, l’action se passe dans le huis-clos de l’appartement de la sœur chez qui il était venu chercher asile et où ses parents l’ont rejoint, ainsi que dans sa chambre aux fenêtres jamais ouvertes et où trône un poster de John Lennon. Parfois, la caméra recule, et expose ce huis-clos pour ce qu’il est : un décor de théâtre. Mais l’ambiguïté sur ce que la caméra capture demeure, comme dans ces instants où Jia Hongsheng se penche par la fenêtre pour observer la ville – ou le ciel – ou le dragon qu’il hallucine dans le ciel. Moments qui sont devenus encore plus poignants depuis le suicide par défenestration de Jia Hongsheng en 2010.

Bérénice Reynaud


Né en 1967, Zhang Yang est le fils du réalisateur Zhang Huaxun. Il fait d’abord des études de littérature dans le Guangdong, puis de théâtre à l’Académie centrale d’art dramatique de Pékin d’où il sort en 1992 avant de se consacrer à la mise en scène de théâtre. Il passe au cinéma en 1997, avec Spicy Love Soup, un des films-phares de la « nouvelle génération urbaine » chinoise, puis Shower (qui remporte un prix à San Sebastian). Quitting, son troisième film, est suivi de Sunflower (2005, Coquille d’argent à San Sebastian), la comédie Getting Home (2007), une rom-com, Driverless (2010) et Full Circle (2012 – le dernier film où le grand réalisateur Wu Tianming joue comme acteur). Il a consacré ses deux dernières fictions, Paths of the Soul (2015) et Soul on a String (primé au Festival de Shanghai en 2016) à la culture tibétaine.