La Ciénaga

jeudi 13 octobre 2016, 19h30

Salle Georges Franju

19h30 21h10 (100 min)

Les films de notre vie sont ceux qui entrent en nous sous la forme d'images récurrentes. Ils laissent des traces et infusent dans notre mémoire mais il faut beaucoup de temps pour avoir une idée de ce pour quoi ils nous touchent. Les quatre films que j'ai choisis sont quatre films qui, de quatre manières différentes, m'ont occupée, m'ont habitée, m'ont hantée. Cette hantise se cristallise sur certains plans (Alien sortant d'un thorax humain), certaines séquences (Catherine Deneuve expliquant pourquoi elle revient à Cherbourg dans la dernière scène des Parapluies de Cherbourg), certaines impressions fugitives (la tristesse du visage de Gena Rowlands face caméra dans Faces de Cassavetes, la moiteur d'une piscine dont l'eau croupit dans La Ciénaga de Lucrecia Martel). Bien que leur souvenir soit mobile et parfois nébuleux, ces films se sont propagés et ont cheminé dans mon esprit par de drôles de voies. Ils ont une force mystérieuse qui ouvre à la pensée, à la fiction et à l'écriture, c'est pourquoi ils sont si précieux à mes yeux. Cela tient sans aucun doute à leur bizarre opacité, opacité qui interdit d'en proposer une seule interprétation, d'en tirer un quelconque message. C'est à cela que j'aimerais convier les spectateurs : à expérimenter cette germination d'un sens qui toujours échappe, c'est-à-dire non pas à comprendre mais à se laisser traverser.

Olivia Rosenthal


Lucrecia Martel
Argentine-Etats-Unis-Japon-France-Suisse-Espagne-Brésil / 2001 / 100 min / 35 mm / VOSTF

Avec Graciela Borges, Mercedes Morán, Juan Cruz Bordeu.

Dans la chaleur suffocante des marécages du nord-ouest de l'Argentine, Mecha, une cinquantenaire, passe l'été avec ses quatre enfants et un mari inexistant. Sa cousine a aussi quatre enfants, et tous vivent ensemble jusqu'à l'enlisement.