Point limite

jeudi 28 avril 2011, 21h30

Salle Georges Franju

21h30 23h25 (112 min)

Point limite Fail-Safe
Sidney Lumet
États-Unis / 1964 / 112 min
D'après le roman Fail-Safe d'Eugene Burdick et Harvey Wheeler.

Avec Walter Matthau, Henry Fonda, Dan O'Herlihy.

En pleine guerre froide, à la suite d'une erreur technique, un groupe de bombardiers nord-américains reçoit l'ordre de lancer une attaque nucléaire contre Moscou.

Tourné la même année que le chef-d'œuvre de Stanley Kubrick, Point limite est le faux jumeau, terrifiant, de Docteur Folamour. Au sarcasme kubrickien se substitue une mécanique de la peur, qui fait de l'holocauste nucléaire non plus une vaste farce, mais une probabilité crédible et d'autant plus effrayante qu'elle est relatée avec le souci du plus strict réalisme. Pas d'imposante war room chez Sidney Lumet, pas de Peter Sellers gesticulant, mais au contraire une esthétique à l'os, débarrassée de tout décorum, succession de huis-clos (un poste de commandement militaire, un cockpit, un abri anti-atomique) qui s'achève dans le dénuement le plus total : une table, un téléphone et deux acteurs. Idée géniale : c'est là, dans l'anonymat d'une petite pièce nue, que se joue rien moins que le destin de l'humanité. Et que se déploie la maestria de Lumet. Rôdé à l'exercice – son premier film, Douze hommes en colère, était déjà un modèle de cinéma confiné –, le cinéaste orchestre entre ces quatre murs un suspense ascétique, où le sort de la planète est suspendu à un dialogue téléphonique entre un traducteur (Larry Lagman, vingt ans avant Dallas et le rôle de JR qui le rendra célèbre), le président des États-Unis (impérial Henry Fonda), et son homologue soviétique. À la fois anti-spectaculaire et proprement terrassant, Point limite est un modèle de thriller, un tour de force, dont le dénouement, au montage d'une grande modernité, laisse littéralement exsangue.

Xavier Jamet

Restauration 4K réalisée par Sony au laboratoire Cineric à partir du négatif 35 mm d'origine. Transfert supervisé par Grover Crisp, travail de couleur effectué par Sheri Eisenberg et Roundabout Entertainment. Bande sonore mono remasterisée à Deluxe (Hollywood), sous la supervision de Bob Simmons.