House by the River

samedi 12 novembre 2011, 15h00

Salle Henri Langlois

15h00 16h30 (88 min)

Fritz Lang
États-Unis / 1950 / 88 min
D'après le roman The House by the River d'A. P. Herbert.

Avec Louis Hayward, Jane Wyatt, Lee Bowman.

Stephen Byrne est un écrivain raté et frustré. Un soir, en l'absence de sa femme, il entreprend d'embrasser leur jeune servante mais face à sa résistance, il panique et l'étrangle. Il en appelle à son frère pour maquiller le meurtre.

Scan 4K et restauration 2K et par Lobster Films à partir d'un marron nitrate conservé au BFI. Restauration son par L. E. Diapason.

Jamais distribué en France pour d'obscures raisons de droits, produit par un studio américain de seconde zone – Republic Pictures, malicieusement renommé Repulsive Pictures à l'époque –, House by the River a longtemps été un angle mort dans la filmographie de Fritz Lang. D'abord exhumé par Patrick Brion, puis sorti en DVD, le film a depuis retrouvé la place qu'il mérite dans l'œuvre du cinéaste. Et va enfin pouvoir être redécouvert dans une version restaurée digne de son rang. Pièce un temps manquante du puzzle langien, House by the River n'en reste pas moins une variation sur de mêmes thèmes, le désir, la frustration, la culpabilité, les pulsions érotiques refoulées – autant de motifs qui traversent la période psychanalytique du réalisateur (La Femme au portrait, La Rue rouge, Le Secret derrière la porte). La légende veut que Fritz Lang ait été accusé du meurtre de sa femme dans les années 1920. Trauma originel ou fable entretenue par le cinéaste pour alimenter le mythe, peu importe, on ne peut dès lors s'empêcher de voir House by the River comme un portrait de l'artiste – le héros est romancier – en assassin : l'impressionnante ouverture du film, vingt minutes magistrales, constitue autant un précis de mise en scène qu'une leçon de criminologie sur l'engrenage meurtrier, décrit ici avec une précision d'horloger. Les lumières expressionnistes d'Edward Cronjager et les œillades hallucinées de Louis Hayward donnent leur pleine puissance dans l'incroyable scène d'escalier qui sert d'écrin à l'homicide, et qui rappelle en un lointain écho la folie meurtrière de M le Maudit.

Xavier Jamet