L'Amour fou

dimanche 13 mai 2012, 14h30

Salle Henri Langlois

14h30 18h40 (250 min)

Jacques Rivette
France / 1967 / 252 min

Avec Bulle Ogier, Jean-Pierre Kalfon.

Sébastien met en scène Andromaque de Racine, et se dispute avec sa compagne Claire, qui doit interpréter Hermione. Il décide de faire appel à son ancienne épouse pour la remplacer, et Claire sombre dans le désespoir.

« Je ne voulais pas raconter une histoire avec un début, un milieu, une fin ; je voulais prendre une situation, la manipuler, l’attaquer, l’expérimenter, la faire réagir par une approche qui relève aussi bien des techniques de caméra que des techniques de rapport avec les comédiens » expliquait Rivette… L’Amour fou est un film fou. Plus de quatre heures, une construction audacieuse, un jeu sur le 16 et le 35mm, deux acteurs, Bulle Ogier et Jean-Pierre Kalfon, totalement libres et sincères. Un mille-feuille qui décortique sur un rythme répétitif les liens du couple, les rapports du comédien avec son metteur en scène, entre improvisations, réalité et fiction mêlées. Et « l’un des plus beaux Rivette », selon Serge Daney.


À propos de L'Amour fou
Par Jean-Pierre Kalfon

Dans son cœur, dans sa tête, on a des pressentiments qu'on se croit seul à éprouver mais devant un bon film (ou un bon livre), grâce aux auteurs, on prend conscience d'émotions et de valeurs, forces et faiblesses humaines confondues, qui sont finalement bien plus partagées qu'on ne l'envisageait.

À regarder son film, on imagine que Jacques Rivette en savait long sur la folie de l'amour, sur la peine et les déchirements qu'il provoque et il voulait, sans doute inconsciemment, en tentant de nous l'exposer, qu'on se perçoive moins seuls devant ce qu'il déclenche (et, lui peut-être, en tout cas, se découvrir moins seul devant les cataclysmes intérieurs que la passion déchaîne !?).

Jacques nous a demandé, à nous ses acteurs et actrices, de participer à la création de cette histoire en la dialoguant avec nos mots, scène après scène, et a souhaité que je mette moi-même en scène la pièce qu'il avait décidée, l'Andromaque de Racine. J'ai eu la chance d'être choisi pour faire partie de cette aventure, qui est l'œuvre d'un rebelle, d'un artiste qui désirait casser les codes et clichés des productions « normales » de l'époque : par la forme impressionniste de son récit, par les doubles perceptions qu'il recherchait avec ses deux équipes de tournage, par l'espace de liberté qu'il nous offrait, ainsi que par la durée inhabituelle du film.

Vive toi, Monsieur Rivette, et ton apport au cinéma !

Ta nouvelle vague était un tsunami artistique qu'il serait bon de re-provoquer.

JPK
(26/01/2022)