Ménilmontant

vendredi 25 avril 2014, 17h00

Salle Georges Franju

17h00 18h20 (78 min)

Dimitri Kirsanoff
France / 1924 / 42 min / 35mm / INT. FR.

Avec Nadia Sibirskaïa, Yolande Beaulieu, Guy Belmont.

Après l'assassinat de leurs parents, deux jeunes sœurs très unies quittent la province pour Paris. Elles y sont séduites par le même jeune homme, et leurs destins se séparent.

Nadia Sibirskaïa fut l'actrice fétiche et la compagne de Dimitri Kirsanoff. Il émane de son visage lumineux et de son corps frêle un mélange de fougue, de détresse et de candeur, si bien que Jean Tedesco, directeur du Vieux-Colombier où Ménilmontant connut un succès éphémère à sa sortie en 1926, la compara à Lillian Gish. Dans ce drame qui aborde le thème de la prostitution et de la condition des modestes citadines, elle incarne une jeune femme amoureuse, trahie et démunie, dans une vie et dans une ville qui regorgent de promesses et de leurres. Le quartier de Ménilmontant est le refuge des sœurs orphelines, l'environnement qui détermine leur devenir. Il est le théâtre d'histoires sordides et d'infortunes orchestrées par la criminalité. Ses ruelles désertes se révèlent être à la fois les pièges et les témoins silencieux du sort de chacun. Kirsanoff excelle dans la mise en scène de la montée des sentiments, tout comme l'ambiguïté et la confusion qu'ils provoquent. À travers l'incertitude de ses personnages, il instaure le doute et un certain flottement, obligeant le spectateur à se fier à sa propre sensibilité. Mais la force de sa narration réside surtout dans l'alternance et l'opposition du montage rapide et saccadé, et de l'usage de l'ellipse. Dans cette réalisation sobre et réaliste, sans intertitre ni virtuosité apparente, Kirsanoff dépeint magnifiquement la vie comme une succession de joies et d'épreuves dont le rythme quotidien se dilue dans l'intemporalité du destin.

Samantha Leroy

Restauration 4K en 2022 par Lobster Film et la Cinémathèque française, avec le soutien du CNC. Travaux menés au laboratoire Lobster à partir d'une copie nitrate originale teintée du BFI et d'un contretype des collections de la Cinémathèque française. Un plan supplémentaire est extrait d'une copie nitrate fragmentaire de la Cinémathèque française.


Germaine Dulac
France / 1927 / 40 min / 35mm

Avec Alex Allin, Genica Athanasiou, Lucien Bataille.

Un clergyman amoureux triomphe de son rival.

« Germaine Dulac fut véritablement l'âme de la Cinémathèque, se prodiguant pour elle aux heures les plus tragiques, et réussissant entre 1940 et 1942, malgré les dénonciations et les calomnies, à sauver l'essentiel. » (Henri Langlois)

« Lors de sa première projection publique le 9 février 1928, ce film, d'après un scénario du poète surréaliste Antonin Artaud, fait l'objet d'une âpre et vive polémique pour discréditer Dulac. Si certains y ont vu une déformation du texte d'Artaud, le film peut aussi être relu à la lumière de la conception dulacienne du cinéma comme étude du rythme. » (Tami Williams)