Les Dragueurs

jeudi 31 juillet 2014, 19h30

Salle Georges Franju

19h30 20h50 (78 min)

Jean-Pierre Mocky
France / 1959 / 78 min / 35mm

Avec Jacques Charrier, Charles Aznavour, Anouk Aimée.

Un samedi soir dans Paris, deux hommes draguent chaque fille qui croise leur chemin. L'un recherche un coup d'un soir, l'autre le grand amour. Ils déambulent de soirée en soirée dans l'espoir de trouver celle qui correspondra à leur désir.

Restauration numérique 4K à partir du négatif original 35 mm N&B, et du négatif son 35 mm, par Eclair Classics pour Mocky Delicious Products, avec le soutien du CNC, sous le contrôle artistique d'Olivia Mokiejewski.


Premier long métrage de Mocky comme réalisateur, Les Dragueurs puise son influence dans la comédie à l'italienne où il a fait ses armes comme acteur et assistant, entre la tradition transalpine du film à sketches et le buddy movie à l'américaine. Réputée pour avoir fait entrer le mot « drague » dans le langage courant, cette chronique caustique du Paris noctambule de son époque montre déjà la visée libertaire et l'acuité sociale dont Mocky fera preuve dans les satires politiques au vitriol qui feront sa réputation par la suite (Solo, Y a-t-il un Français dans la salle ?...).
Les Dragueurs est un film étrange à revoir aujourd'hui, partagé entre une misogynie surannée (son premier tiers) et un romantisme désespéré, intention sentimentaliste que Mocky refrène comme si elle était trop belle pour être honnête. C'est le cas pour Freddy (Jacques Charrier) qui feint cette passion pour mieux manipuler ses conquêtes au contraire de Joseph (Charles Aznavour) dont la sincérité confine au pathétique. Au milieu, et c'est bien le plus troublant, une mélancolie se dévoile peu à peu, avec, comme point d'orgue, cette rencontre évanescente et amère entre Charrier et Anouk Aimée, en mère célibataire estropiée. Le film s'achève sur une longue séquence de débauche dans une demeure bourgeoise, là encore pas si éloignée du cinéma italien (La dolce vita de Fellini ou La notte d'Antonioni sortiront peu après). Elle concentre toute la frustration de cette masculinité libidineuse et la réification subie par ces femmes, ayant pour seul horizon celui de trouver le mari qui les fera le moins souffrir. Comme si les deux sexes attendaient, au bord de l'implosion, la libération du corps et des mœurs engendrée par Mai 68 pour assumer leurs désirs de jeunesse.

Loris Dru