Maquette de costume pour « Vacances romaines » (William Wyler, 1952)

21 mars 2018

Signée par la prestigieuse costumière Edith Head, cette planche présente en couleurs la robe féérique portée par Audrey Hepburn dans une des premières scènes de Vacances Romaines. La comédie, qui conte les amours d’une princesse fugueuse et d’un journaliste américain dans la Rome des années 50, a révélé et propulsé l’actrice au rang de star, mais aussi d’icône de la mode.

« On a aucun mal à imaginer Audrey en princesse. Lorsqu’elle entre dans une pièce, c’est l’impression qu’elle donne » affirme William Wyler d’emblée ébloui. « Quand j’ai vu le test, je savais qu’elle n’était pas seulement une belle actrice mais un des plus grands modèles » racontera la costumière qui collabore avec le cinéaste pour la quatrième fois. La conception de sa garde-robe n’a pourtant pas été une mince affaire pour Edith Head. La création des costumes de son Altesse Royale débute avant que Paramount n’ait trouvé l’actrice principale. Et après un casting digne de celui d’Autant en emporte le vent, l’emploi du temps d’Audrey Hepburn, qui ne peut se libérer avant la fin de la tournée de Gigi à Broadway, oblige la costumière à travailler à partir de mensurations et d’essais filmés. Autre contrainte de taille, la morphologie de l’actrice aux antipodes de l’idéal hollywoodien d’alors, friand de courbes généreuses. Edith Head note, et l’actrice en convient, « bras rachitiques, pas de poitrine, un cou qui n’en finit pas ». La costumière aguerrie suit son credo – « accentuer le positif et camoufler le reste » – couvrant entièrement les bras de longs gants, et le cou d’un large collier de diamants. Mais elle doit aussi compter avec Audrey Hepburn qui met son grain de sel dans le dressing de son personnage, suggérant une encolure moins décolletée ou une ceinture plus large. Elle sait ce qui lui va et ce qu’elle doit porter. Et Edith Head a beau dire qu’elle a été enchantée par le charme, la minceur et le flair pour les vêtements de Miss Hepburn, l’actrice et la costumière ne se seraient pas si bien entendues.

Ce projet de costume illustré à la gouache fait partie des premiers imaginés pour le film. Une formelle tenue de princesse, garnie d’accessoires et longue jusqu’aux pieds – chaussés puis déchaussé comme Cendrillon, d’escarpins en satin. Réalisée en brocart (étoffe de soie rehaussée de dessins brochés d’or et d’argent), – « le plus fantastique que j’ai pu trouver » précise Head – la somptueuse robe est des plus photogéniques. On la verra scintiller au moindre mouvement de l’actrice et virevolter avec prestance le temps d’une valse. Entre le croquis et le tournage, un des nœuds change de couleur et le ras de cou en diamant s’avère moins imposant, mais la coupe du vêtement reste identique. Resté mythique, il a été décliné pour Barbie et autres paper dolls à découper.

Après cette séquence d’introduction, la princesse Ann troque vite ses atours protocolaires contre un ensemble plus pratique pour sillonner la ville en Vespa. Un look de jeune-fille ordinaire, toujours cité comme référence dans les pages des magazines féminins, qui fait instantanément sensation. Audrey Hepburn et Edith Head décrocheront chacune un Oscar pour Vacances Romaines et travailleront encore plus ou moins ensemble sur Sabrina (Billy Wilder, 1954), Drôle de frimousse (Stanley Donen, 1957) et Diamants sur canapé (Blake Edwards, 1961), où l’actrice adopte définitivement les créations de Givenchy. La costumière incarne à elle seule la quintessence du style hollywoodien. On lui doit les costumes légendaires de Kim Novak et Grace Kelly chez Hitchcock, Liz Taylor dans Une place au soleil ou Bette Davis dans Eve. 440 crédits en tant que Costume designer, 43 ans à la Paramount avant de rejoindre les troupes de la Universal pour suivre Hitch, Edith Head demeure la femme la plus oscarisée du monde avec 35 nominations et 8 statuettes remportées.


  • Type d'objet : Maquette de costume
  • Support : Gouache sur carton
  • Auteur : Edith Head
  • Année : 1952
  • Pays : États-Unis
  • Format : 76 x 55,5 cm
  • Crédits : © Edith Head