Le cinéma taïwanais de (mauvais) genre

Le cinéma taïwanais de (mauvais) genre
Conférence de Wafa Ghermani

On considère que le nouveau cinéma taïwanais des années 1980 aurait brisé les codes d'un cinéma commercial inféodé à l'État, qu'il aurait représenté l'île et son histoire comme jamais auparavant. C'est oublier qu'avant Hou Hsiao-hsien et Edward Yang, il a existé, dans les années 1960 et au début des années 1980, un cinéma de genre qui, sous ses dehors bassement commerciaux, menait une attaque directe contre l'art officiel. Ce cinéma de « mauvais » genre, foutraque, fauché, carnavalesque, hilarant, violent, mélo, souvent rebelle et transgressif, constitue l'histoire longtemps refoulée d'un autre cinéma taïwanais, loin de l'art, proche de la rue, comme une rumeur souterraine prête à l'explosion.


Wafa Ghermani est docteure en études cinématographiques, spécialiste du cinéma taïwanais, et chargée d'événements culturels à la Cinémathèque française.