On se souvient généralement de Mauritz Stiller (1883-1928) pour avoir découvert la jeune Greta Garbo, mais aussi pour l'avoir propulsée jusqu'en Amérique et en être revenu bredouille tandis que sa muse caracolait vers la gloire. Perdant magnifique, Stiller n'en est pas moins l'autre grand nom du cinéma muet scandinave aux côtés de Victor Sjöström. Son œuvre se signale par un réalisme mystique et halluciné, dont le motif primordial serait l'errance, voire l'attente angoissée. L'homme s'y retrouve souvent aux prises avec une nature immense et inquiétante, sillonnée de chemins tortueux qui sont aussi ceux de sa secrète intériorité.
Mathieu Macheret est critique de cinéma au journal Le Monde. Collaborateur régulier de la revue Trafic, il est aussi l'auteur d'un essai, Josef von Sternberg. Les Jungles hallucinées (Capricci, 2021). Il fait partie de l'équipe artistique du festival « Entrevues » de Belfort.