Catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC

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Objectif anamorphoseur de prise de vues

N° Inventaire : CNC-AP-96-114

Collection : Centre national du cinéma et de l'image animée

Catégorie d'appareil : Optique

Nom du modèle : Hypergonar

Lieu de fabrication : Paris, France

Année de fabrication : Entre 1927 et 1931

Brevet : Henri Chrétien, brevet français n° 355 757, déposé le 30 juin 1905, délivré le 11 septembre 1905, "Procédé industriel d'obten... +

Fiche détaillée

Type de l'appareil

cube de métal contenant un jeu de lentilles anamorphiques ; système divergent constitué de trois lentilles collées et un système convergent constitué de deux lentilles collées ; réglage par molette

Auteurs

Chrétien Henri
Paris

Fabricants

S.T.O.P. Société technique d'optique et de photographie Henri Chrétien
Levallois-Perret, 6 boulevard Bineau

Utilisateurs

Chrétien Henri
Paris

Distributeurs

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Sujet du modèle

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Objectif

lentilles carrées 5 x 5 et rondes 4 cm de diamètre

Taille de l'objet

Ouvert :
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Fermé :
Longueur : 10 cm
Largeur : 5.5 cm
Hauteur : 6.7 cm

Diamètre :
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Taille de la boîte de transport

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Remarques

C'est avec ce système optique à objectif anamorphique mis au point par Henri Chrétien (1879-1956) en 1925 - brevet de 1927 -, d'après l'anamorphot d'Abbe, que furent réalisées les premières images pour écran large sur une pellicule normale. "La solution consiste à introduire devant l'objectif de prise de vues, ainsi que de celui de projection, une combinaison optique spéciale, à laquelle je donnerai le nom d'hypergonar, et qui en accroît considérablement le champ, mais dans un sens seulement, horizontal ou vertical, ou même oblique, selon l'orientation de la plus grande étendue du sujet" (Louis Lumière, Communication à l'Académie des sciences du 30 mai 1927). N'ayant connu en France qu'un succès d'estime, Chrétien céda les données de fabrication de l'Hypergonar à la 20th Century Fox qui relança le procédé en 1953, sous le nom de CinemaScope.
Cet objectif et les deux autres (CNC AP-96-113 et CNC AP-14-1149) étaient conservés par le service Truca du laboratoire GTC de Joinville jusqu'à 1975, date à laquelle ils ont été offerts aux Service des archives du film du CNC.
1er brevet de l'Hypergonar : 9 décembre 1926. Mis au point en 1927. Décembre 1927 à été 1928 : prises de vues de Construire un feu de Claude Autant-Lara. Fin 1929 : accords avec Pathé Natan. 1930 : La femme et le rossignol de André Hugon. 1931 : projections d'un film sur l'Exposition Coloniale aux Journées nationales du cinéma à l'Ermitage Pathé. 1936 : Panorama au fil de l'eau de Jean Tedesco. Projection en plein air sur grand écran (10 m. de haut sur 60 m. de largeur) à l'Exposition de 1937. 1949 : Lancement du Saint-Clair aux chantiers de la Ciotat. 1952 : H. Chrétien rachète les contrats Pathé et signe en décembre avec la 20th Century Fox, naissance du CinemaScope. Février 1953 : La Tunique (The Robe) de Henry Koster.
"L'Hypergonar est le nom qui a été donné à cet appareil optique, base du nouveau procédé de cinématographie panoramique qui permet de changer le format des écrans, d'augmenter le champ soit en hauteur, soit en largeur, d'élargir l'inscription sonore, et cela sans rien changer au matériel actuel. Placé à la prise de vues devant l'objectif de la caméra, il anamorphose les images, c'est à dire les comprime optiquement dans un seul sens seulement. De cette manière, un champ plus grand est enregistré sur l'étendue du film normal. A la projection, ces images sont restituées à leur forme exacte par un appareil analogue, ce qui les étale sur des écrans élargis. Ce procédé présente un grande souplesse d'application. En tournant l'Hypergonar de 90°, on peut augmenter le champ en hauteur. On peut obtenir tous les formats compris entre le format normal et le format doublé en largeur ou en hauteur. L'invention est sortie de la période de recherches pour entrer dans la voie de l'exploitation industrielle, grâce à M. Natan, qui comprit dès le début les possibilités de l'hypergonar et ses avantages immenses sur les autres procédés. Il n'hésita pas, dès 1927, à faire des premiers essais lors de la prise de vue du film La merveilleuse vie de Jeanne d'Arc et par la suite à s'assurer pour la grande firme Pathé-Natan l'exclusivité de l'Hypergonar" ("Une belle invention française, l'Hypergonar", Cinéma, octobre 1931).
"Hypergoner, c'est augmenter les angles ou, à volonté, les réduire, et l'appareil permet en effet de changer le format des écrans, d'augmenter le champ de projection et de prise de vues, mais sans rien changer au matériel actuel, ni aux dimensions du film lui-même. [...] En reproduisant un film normal au moyen d'une tireuse à Hypergonar, on peut obtenir une image qui ne couvre qu'une fraction de la surface habituelle de 18-24 mm. Si l'on a pris la précaution de couvrir d'un cache la fenêtre du film positif, on dispose d'un emplacement pour un deuxième tableau et on peut ainsi réunir des sujets fort différents, pris sur des négatifs différents tirés sur le même positif normal. On obtient alors des dyptiques ou même des tryptiques comparables à ceux composés par Abel Gance. [...] L'Hypergonar peut être encore employé dans les procédés trichromes du cinéma en couleur parce qu'il permet de juxtaposer les trois films élémentaires sur la même bande et on pour songer également à l'utiliser pour le cinéma stéréoscopique qui exige de même un film droit et un film gauche qui seraient réunis grâce à l'anamorphose sur la même pellicule" (H. Picard, "Le cinématographe panoramique et l'Hypergonar Chrétien", La Technique cinématographique, n° 8, novembre 1931, p. 7-15).
"Pour ce qui est de la fabrication, les principales difficultés étaient le surfaçage des lentilles et le strict parallélisme des axes des surfaces. Les problèmes de surfaçage spécifiques aux lentilles cylindriques furent résolus grâce à une machine à translations épicycloïdales automatique, construite par le colonel Dévé, directeur de l'Institut d'Optique. Quant au parallélisme des axes des surfaces cylindriques de l'Hypergonar, il était obtenu en plusieurs étapes. Les deux surfaces d'un même verre étaient tout d'abord ébauchées à la main avec un soin minutieux pour que les axes soient parallèles entre eux. Elles étaient ensuite polies, puis vérifiées minutieusement par un procédé optique ; et si les défauts de parallélisme étaient trop importants, l'une des deux surfaces était refaite. L'étape suivante consistait à placer les surfaces cylindriques de chacun des deux éléments de l'Hypergonar de façon, d'une part que leurs axes soient parallèles et dans un même plan, et d'autre part que ce plan soit plan de symétrie. Quant à la question du réglage, elle comportait deux parties : le parallélisme des génératrices des deux systèmes et le réglage de leur distance. Pour le premier point, des test au banc d'optique permettaient de régler finement l'orientation des deux systèmes dans la monture en éliminant l'astigmatisme caractéristique du défaut de parallélisme. Le réglage de la distance entre les deux systèmes cylindriques s'obtenait également au banc d'optique, en faisant coïncider le plan image dans la direction parallèle aux génératrices avec le plan image perpendiculaire. En effet, tant que la distance entre les deux éléments de l'Hypergonar n'est pas correcte, les plans image perpendiculaire et parallèle aux génératrices ne coïncident pas et l'image reste floue" (Françoise Le Guet Tully, "Henri Chrétien, un savant entre science et technique : réflexions à propos de l'invention de l'Hypergonar", in Alexandre Herléa éd., Proceedings of the XVIIIth International ICOHTEC Conference, San Francisco, International Committee for the History of Technology, 1993, p. 136).

Bibliographie

Claude Autant-Lara, ""Le premier essai de film large, Construire un feu (1928-29)", La Revue du Cinéma, n° 16, 1er novembre 1930.
Pierre Autré, "Le premier film français sur écran large et haut. On a présenté l'Hypergonar", La Cinématographie française, n° 672, 19 septembre 1931, p. 9.
H. Picard, "Le cinématographe panoramique et l'Hypergonar Chrétien", La Technique cinématographique, n° 8, novembre 1931, p. 7-15.
"Une belle invention française, l'Hypergonar", Cinéma, octobre 1931.
G. Chrétien, "La cinématographie panoramique par le procédé Hypergonar", Atti e rassegna tecnica della Società degli Ingegneri e degli Architetti in Torino, n° 12, décembre 1952.
Jean-Claude Maillet, "G. Bonnerot nous raconte la grande aventure de l'Hypergonar", Cinéma pratique, n° 137, mai-juin 1975, p. 75-80.
Françoise Le Guet Tully, "Henri Chrétien, un savant entre science et technique : réflexions à propos de l'invention de l'Hypergonar", in Alexandre Herléa éd., Proceedings of the XVIIIth International ICOHTEC Conference, San Francisco, International Committee for the History of Technology, 1993, p. 131-138.
Jean-Jacques Meusy (dir.), Le Cinémascope, entre art et industrie, Paris AFRHC, 2004.