Catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC

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Lanterne de projection (accessoire de)

N° Inventaire : AP-13-2806

Collection : La Cinémathèque française

Catégorie d'appareil : Projection lumineuse

Nom du modèle : partie optique du diaphanorama Danguy

Lieu de fabrication : Paris, France

Année de fabrication : 1875

Fiche détaillée

Type de l'appareil

coffre en bois contenant quatre lentilles et douze objectifs à monture laiton pour le diaphanorama

Auteurs

Danguy Eugène
Paris, 15 place de la Bourse

Fabricants

Eugène Danguy
Paris, 15 place de la Bourse

Utilisateurs

Danguy Eugène
Paris, 15 place de la Bourse

Distributeurs

Informations non disponibles

Sujet du modèle

Informations non disponibles

Objectif

huit objectifs quatre lentilles

Taille de l'objet

Ouvert :
Longueur : 36 cm
Largeur : 31.5 cm
Hauteur : 36 cm

Fermé :
Longueur : 31.5 cm
Largeur : 31.5 cm
Hauteur : 7 cm

Diamètre :
Informations non disponibles

Taille de la boîte de transport

Informations non disponibles

Remarques

La Cinémathèque française a pu acquérir la collection du Diaphanorama d'Eugène Danguy, mise aux enchères le 13 mai 2012 : 98 grandes plaques fixes et mécanisées rangées dans cinq grandes caisses en bois. A ce fonds s'ajoutent aussi une centaine de plaques supplémentaires venant aussi de Danguy : les funérailles de Victor Hugo, des vues de voyage, des plaques de fantasmagories des années 1830, des chromatropes de grande qualité. La partie optique de la lanterne de projection a pu être également acquise, de même que quelques documents : contrats, listes manuscrites qui nous renseignent sur la carrière de ce lanterniste oublié. Eugène Danguy (1831-1889), bourguignon d'origine, se lance dans la photographie dès l'âge de 17 ans et devient à ce titre attaché au ministère de l'Instruction publique. Il fréquente la famille Lumière, comme l'atteste une lettre d'Auguste l'invitant à un déjeuner à Lyon le 12 mai 1889. Vers la fin des années 1870, Danguy décide de se lancer en professionnel dans la projection lumineuse, encouragé sans doute par des exemples contemporains prestigieux : la Royal Polytechnic de Londres, l'abbé Moigno, Robin au boulevard du Temple, les spectacles itinérants de lanternistes virtuoses comme l'Allemand Paul Hoffmann (1829-1888) par exemple. Danguy propose de combiner la photographie, dont il possède la technique parfaitement, avec les peintures en couleurs à l'aniline traditionnelles de la lanterne magique et avec les "effets spéciaux" en usage depuis longtemps en projection (la surimpression notamment). Mais cela n'est pas une nouveauté. Ce qui semble inédit en revanche, c'est le système mis au point par Danguy pour créer un nouveau genre de "dissolving views" ou fondus-enchaînés. Danguy propose un système très original : au lieu de se servir de trois plaques différentes qu'il devra loger une par une dans chaque étage d'une triple lanterne, il conçoit de longues plaques en bois (les plus petites mesurent 17,5 x 45 cm, la plus longue 12,5 x 150 cm) sur lesquels il va installer généralement trois images différentes, qui seront animées chacune par de petits mécanismes très ingénieux. C'est cette longue plaque qui sera placée, en une seule fois, dans le châssis d'une lanterne fabriquée sur mesure et équipée de trois objectifs à oeil-de-chat (trois iris manuels commandés par levier). Ainsi, au lieu d'avoir trois plaques représentant un paysage de jour, puis de nuit, puis avec des effets supplémentaires, il n'aura qu'une seule longue plaque contenant ces trois images : l'animation sera commandée par un jeu de ficelles, de leviers ou de manivelles, et les fondus-enchaînés se feront à l'éclairage au gaz ou à l'oeil de chat, grâce aux trois objectifs construits spécialement. Naturellement, Danguy a le même problème de réglage que dans les doubles ou triples lanternes traditionnelles : pour que la superposition entre les trois images soit parfaite, il faut régler précisément la parallaxe de chaque objectif, selon la distance de l'appareil par rapport à l'écran. Il conçoit alors une plaque très simple (mesurant 18 x 62 cm) qui lui permet de régler rapidement, avant chaque spectacle, la parallaxe : il projette une plaque métallique percée de trois petits trous réguliers. Il doit ensuite régler ses objectifs de façon à ce que les trois petits trous se superposent sur l'écran afin d'obtenir une parfaite superposition des images de toute la série. La technique d'animation est complexe : il y a certes des plaques relativement simples, reposant sur le principe du dissolving-views à trois images. Mais d'autres possèdent des entraînements par manivelles, crémaillères, ficelles, leviers, qui se croisent en tous sens sur la longue plaque en bois, et parfois recto-verso. Pour que la corde de ses disques rotatifs soit toujours tendue, Danguy installe sur presque toutes les plaques un système de tendeur à vis réglable. Une cordelette peut faire tourner deux ou trois disques en même temps, qui viennent se superposer au-dessus d'un image fixe. Parfois, la corde fait coulisser un verre panoramique (assez lourd) qui vient défiler lentement au foyer d'une seule lanterne (vue des quais de Paris par exemple). La vue comique qui représente une caricature de l'acteur Daubray (1837-1892), l'un des interprètes d'Offenbach, comporte un système novateur : sur le visage, un verre ondulant mobile est superposé, ce qui donne à la projection une image étrange, celle d'un visage constamment mouvant dont les yeux bougent, de surcroît, grâce à un mécanisme supplémentaire. Pour présenter l'arc de triomphe à Paris, Danguy le fait apparaître graduellement à l'aide de rideaux peints sur verre, mus par deux manivelles et deux crémaillères. Il peut projeter l'image de la Vierge au milieu de disques rotatifs peints, permettant de la faire scintiller comme dans un feu de bengale. Ses chromatropes sont particuliers : les trois verres sont gravés et coloriés dans la masse, ils tournent superposés l'un sur l'autre. Danguy aime bien les effets de fumée et d'hydraulique, d'où l'abondance de vues représentant des incendies, des locomotives à vapeur, des voyages en mer, des cascades et chutes d'eau. Parfois des systèmes mobiles en zinc viennent occulter ou révéler une partie cachée du tableau : par exemple le tremblement de terre à Lisbonne (17,8 x 72 cm). Une superposition à défliement vertical est prévue pour montrer l'ascension ou la descente d'une montgolfière à partir du Carrousel du Louvre. Deux plaques différentes sont prévues à cet effet, ce qui indique que Danguy se servait d'une quatrième lanterne - effectivement présente dans la collection acquise. Danguy devait mémoriser, pour chaque plaque, l'ordre de passage des images, et faire en sorte de tourner les différentes manivelles et d'ouvrir les gaz au bon moment. Les images sont peintes à la main ou bien ce sont des photographies rehaussées de couleurs. Certains clichés ont pu être réalisés par Danguy lui-même ; certaines plaques peintes à la main proviennent clairement de fabricants français et anglais ; mais on ne sait qui est l'auteur de certaines plaques, les panoramiques par exemple, de facture très soignée. Dans les archives de Danguy qui subsistent à la Cinémathèque et au Musée des arts et métiers, le document le plus ancien date de septembre 1876 : à cette date, Danguy a donné avec succès une projection à la "Société des jeunes gens de Saint-Roch". Vers 1878, comme l'atteste une lettre émanant du couvent de l'Assomption d'Auteuil, Danguy a imprimé un feuillet publicitaire : "J'ai l'honneur de vous informer qu'après trente années d'un travail opiniâtre ayant pour but le perfectionnement des projections diaphanoramiques, mes efforts ont été couronnés du succès le plus complet. Comme vérité, comme naturel, j'obtiens des effets merveilleux : tempêtes, incendies, explosions, tremblements de terre, en un mot les cataclysmes les plus terribles produisent une illusion complète sur les spectateurs qui voient, tour à tour, passer devant leurs yeux éblouis : avalanches de neige, effets de jour et de nuit, lever du soleil, auroles boréales, chemins de fer, processions, cérémonies religieuses, panoramas de 15 à 20 lieues d'étendue, bateaux à vapeur, processions, cérémonies, panoramas de 15 à 20 lieues d'étendue, bateaux à vapeur, feux d'artifice, illuminations, fontaines jaillissantes, etc. Tous mes tableaux sont mécaniques et animés, ils peuvent être représentés sur une surface variant de deux à huit mètres carrés, suivant le local mis à ma disposition. La puissance de ma lumière me permet d'opérer même dans une salle éclairée au gaz. Les sujets traités par moi sont au point de vue de la morale irréprochables, et j'ai visé à ce qu'ils fussent de bon goût. Ma collection étant très considérable me permet d'apporter une grande variété dans mes représentations du Diaphanorama : je puis ainsi faire voyager en quelque sorte les spectateurs dans toutes les parties du monde : j'instruis et j'amuse tout à la fois. Un choix considérable de tableaux de fantasmagorie des plus grotesques et de feux chinois me permet encore de terminer chaque séance à la grande satisfaction des personnes qui aiment rire. Ce spectacle convient surtout pour les pensions, collèges, institutions religieuses et soirées particulières. J'ose affirmer que ce genre d'exhibitions n'a rien de commun avec celles des photographies dans les lanternes magiques, désignées sous le nom de projections lumineuses. Le prix de mes séance varie selon le nombre de tableaux, l'appareil employé et la durée de la représentation. Eg. Danguy photographe, 15 place de la Bourse, Paris". A la fin des années 1870, Danguy s'est rodé à Paris et en province dans des écoles, collèges, orphelinats, couvents et mairies. Puis, avec une collection de plaques de plus en plus importante, il se produit dans des salles de théâtre : le café concert du 19e siècle à Paris (1880), la Scala-Bouffes de Lyon (1881, 1884 et 1887), l'Alcazar du Havre et la Gaieté (1881 et 1889), les Folies-Belleville à Paris (1882), le café-concert du jardin de Besançon (1882), l'Eden-Théâtre de Vichy (1882) et Bruxelles (1882), l'Eden-Concert de Genève (1883), le Concert de la Scala de Stransbourg (1883), l'Eden nancéien de Nancy (1885), l'Alcazar de Tours (1885), le cirque Diaz de Lisbonne (1886-1887), le casino de Boulogne sur mer (1888), etc. On note aussi des séances à la Sorbonne, aux Folies-Bordelaies, à Périgueux, Bourges, Rouen, Dijon, Liége, Trouville, Montpellier, Rouen, etc. Danguy propose plusieurs formules différentes. Il peut intervenir au sein d'un programme de théâtre ou de danses, en ouverture ou en fermeture. Il peut aussi se produire seul durant trente minutes ou plus d'une heure. Il s'adapte selon les circonstances. Mais ses spectacles reposent essentiellement sur la notion de voyage : il s'intitule d'ailleurs "Le Tour du monde en 25 minutes" (ou plus, selon la demande) et contient, au minimum, la projection de 25 plaques, et au maximum environ 80. Les images sont accompagnées musicalement par l'orchestre du théâtre où il se produit. Danguy commente les vues (des manuscrits de quelques séries sont conservés à la Cinémathèque).

Bibliographie

Laurent Mannoni, "The tour of the world by magic lantern : Eugène Danguy's Diaphanorama", The Magic Lantern Society Newsletter, n° 110, 12 décembre 2012, p. 8-13.