Catalogue des appareils cinématographiques de la Cinémathèque française et du CNC

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Instrument de mesure

N° Inventaire : AP-95-1220

Collection : La Cinémathèque française

Catégorie d'appareil : Méthode graphique

Nom du modèle : Odographe pour l'inscription de la fréquence respiratoire et fréquence cardiaque

Lieu de fabrication : Paris, France

Année de fabrication : 1910

Fiche détaillée

Type de l'appareil

électro-aimant ; roue à échappement ; mécanisme à ressort ; stylet inscripteur sur cylindre ; boîte en bois

Auteurs

Noguès Pierre
Boulogne, Institut Marey, Parc des Princes

Marey Etienne-Jules
Boulogne sur Seine, Parc des Princes, Station physiologique

Fabricants

Informations non disponibles

Utilisateurs

Noguès Pierre
Boulogne, Institut Marey, Parc des Princes

Marey Etienne-Jules
Boulogne sur Seine, Parc des Princes, Station physiologique

Distributeurs

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Sujet du modèle

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Objectif

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Taille de l'objet

Ouvert :
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Fermé :
Longueur : 26 cm
Largeur : 34 cm
Hauteur : 14 cm

Diamètre :
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Taille de la boîte de transport

Hauteur : 18.5 cm

Remarques

Perfectionnement par Noguès de l'odographe ("route" et "écrire" en grec) mis au point originellement par Marey vers 1882. L'appareil de Noguès, relié à une horloge, est plus régulier. Il sert à l'étude des fréquences respiratoires et cardiaques.

"Pierre Noguès, né en 1878 à Luquet (près de Tarbes), mort en juillet 1971, entre à l'Institut Marey en 1900. Il y dispose d'une chambre et a le droit, comme son collègue Lucien Bull, de travailler chez son Maître, Etienne-Jules Marey, boulevard Delessert. Inscrit à la Faculté de médecine de Paris en octobre 1898, il a été recommandé à Marey par le chirurgien Doléris. Il ne devient salarié de l'Institut Marey qu'à partir du 1er janvier 1901. L'année suivante il commence ses recherches sur les systèmes de cinéma à haute fréquence. Cependant, Noguès se dirige vers une autre voie technique que celle de Bull. Ce dernier défie les lois de la cinématographie en immobilisant la pellicule, en utilisant les prismes, les miroirs rotatifs, les étincelles électriques, pour réaliser des images d'une grande beauté. Noguès, lui, cherche les moyens d'entraîner le plus vite possible la pellicule cinématographique sans qu'elle se déchire. Le système a un avantage sur celui de Bull : le film peut mesurer une centaine de mètres et donc enregistrer des scènes plus longues. Mais à cause de la fragilité de la pellicule, Noguès ne peut guère dépasser le cap des 300 images/seconde, alors que Bull atteint des chiffres bien plus élevés. Les premières caméras à grande vitesse de Bull et Noguès sont présentées le 30 août 1904 par le physiologiste J. Athanasiu, dans un rapport lu à l'Institut Marey. Outre la caméra octogonale à film fixe de Bull, Athanasiu publie la description d'un appareil de Noguès à prise de vues ultra-rapides permettant l'enregistrement de 140 images par seconde sur film à mouvement intermittent. Athanasiu semble avoir pris par aux recherches : "Avec cet appareil nous avons pu prendre 18 images pour un coup d'aile de pigeon, qui s'effectue en 3/20e de seconde, comme le prouve le chonoscope placé dans le champ photographique" (J. Athanasiu, "Méthode graphique, rapport présenté à l'Association de l'Institut Marey, séance du 30 août 1904", in Travaux de l'Association de l'Institut Marey, Paris, Masson et Cie, 1905, p. 119). Noguès a utilisé également cette caméra pour filmer des sujets microscopiques. Cependant, cet appareil utilisé en 1904 n'offre pas une très bonne stabilité des images et ne permet pas la projection, à moins de recourir à un procédé spécial de tirage. Un nouveau système à griffe, doux et régulier, offrant cette fois une stabilité parfaite, est conçu par Noguès en 1907. Les premiers films perforés, tournés à 70 images seconde, sont projetés à l'Institut Marey en juin 1908. L'année suivante, Noguès présente à l'Institut des vues obtenues à 160 images par seconde. Puis en 1912, "Mon appareil de 1912 pouvait atteindre 240 à 250 images par seconde [...] mais, à cette fréquence élevée, les projections présentaient une certaine instabilité, tandis qu'à 180 le fonctionnement de l'appareil était aussi parfait que possible" (archives Noguès, Cinémathèque française). Noguès améliore également les appareils de la méthode graphique et présente lui-même en 1910, dans le second volume des Travaux de l'Association de l'Institut Marey (Pierre Noguès, "Application de l'odographe à l'étude des fréquences de la respiration et du pouls", Travaux de l'Association de l'Institut Marey, t. 2, Paris, Masson, 1910, p. 31-50), un odographe perfectionné (notre exemplaire). L'appareil de Noguès sert particulièrement à l'étude de la fréquence respiratoire, grâce à un petit appareil assez délicat qui s'attache au nez et aux oreilles du sujet et qui est relié au cylindre inscripteur. En 1910, Noguès n'est encore que simple assistant dans l'organigramme de l'Institut Marey, mais il participe aux recherches de Lucien Bull et Joachim Carvallo. Son esprit inventif aide à résoudre les problèmes, tandis que deux mécaniciens, Farineau et Kelsen, sont chargés de la fabrication des machines. Une caméra conçue par Noguès permet à Carvallo d'effectuer des films aux rayons X : "Notre chronophotographe actuel appartient à la classe des chronophotographes à griffe mais, grâce à un système de leviers établi par M. Noguès, le mouvement de la griffe, pendant le déplacement de la pellicule, est transformé en un mouvement rectiligne et l'entraînement de celle-ci s'opère avec une extême douceur, même aux plus grandes fréquences" (Joachim Carvallo, "Méthode radiochronophotographique, applications de cette méthode à l'étude des mouvements de l'appareil digestif", Travaux de l'Association de l'Institut Marey, t. II, Paris, Masson, 1910, p. 90). Le 22 juillet 1912, Noguès présente à l'Académie des sciences son "nouveau cinématographe à images très fréquentes" (Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, t. 155, séance du 22 juillet 1912, p. 273-275). Lors de l'inauguration du monument Marey, le 3 juin 1914, Noguès projette devant le président de la République une série de films à grande vitesse sur le mouvement du cheval, de l'oiseau et de l'homme. Pendant la Grande Guerre, il utilise sa caméra à 250 images par seconde pour des expériences de balistique. Puis en 1920, il atteint 320/380 images par seconde, chiffre qui ne pourra plus être dépassé par la suite avec des caméras mécaniques 35 mm. Pour atteindre ce chiffre, Noguès recourt à la came battante de Demenÿ qui, une fois renforcée par des griffes d'arrêt, offre une bonne stabilité à cette fréquence. La filmographie de Noguès, qui reste à établir, semble abondante. Il filme à grande vitesse le lancer du disque de l'athlète Jean Bouin (qui sera tué au front en 1914) ; il enregistre les mouvements des chevaux à l'Institut Marey, à Bagatelle, à Versailles, et en liberté chez lui à Luquet. Il reprend en fait au ralenti tout le répertoire mareysien : marche de l'homme, boxeurs, sauts d'obstacles, ouvrier cassant des pierres, vol du canard, pigeon, mouette, oie, poule, locomotion animale (boeufs, lévriers, lapins, cochons, serpents, grenouille, etc.). La grande vitesse permet de montrer sur grand écran l'image au ralenti d'une vitre brisée à coup de marteau, ou celle d'un canon crachant son boulet. Dans une filmographie dressée par Noguès, on compte 31 films relatifs à la locomotion animale. Noguès possède un avantage sur Bull : il peut projeter les films à grande vitesse qu'il a réalisés. Il montre ainsi, lors d'une conférence, le 22 avril 1922, un montage rassemblant plus de 800 mètres de sujets divers. De son côté, Bull atteint sur pellicule immobile une fréquence de plus d'un million d'images seconde, mais impossible de projeter ces films, et les images sont réduites parfois à la taille d'une fente de 5 mm de hauteur. Noguès veut montrer le miracle visuel de "l'ultra-cinéma" à un large public, Bull est un esprit plus scientifique, moins interessé par le spectacle. Noguès va commercialiser ses appareils, Bull ne s'intéresse pas vraiment à cette question. Grâce à Noguès, en tout cas, le ralenti devient très apprécié ; peu à peu les techniciens et fabricants de caméras - Labrély, Debrie, Eclair, Bourdereau... - équipent leurs modèles de variateurs de vitesse et de systèmes d'entraînement adéquats. En 1931, Noguès est nommé chef de laboratoire de l'Institut Marey. Comme l'argent manque, il est autorisé à vendre ses procédés techniques. Sous le sigle "A.N.I.M." (Appareils Noguès de l'Institut Marey), il propose pour la somme de 18 000 francs un appareil de prise de vues en aluminium de belle fabrication, baptisé "Ultracinéma" et atteignant plus de 300 images seconde. Cependant, faute de structure industrielle, cet appareil ne se vendra guère" (Laurent Mannoni, L'enregistrement du mouvement au XIXe siècle, les méthodes graphiques et chronophotographiques, thèse de doctorat Université Paris III, 2003).

Bibliographie

Pierre Noguès, "Application de l'odographe à l'étude des fréquences de la respiration et du pouls", Travaux de l'Association de l'Institut Marey, t. 2, Paris, Masson, 1910, p. 31-50.