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Hommage à Tomas Milian
Il avait tourné avec Bolognini et Antonioni mais il était surtout devenu une icône pour salle de quartier, une figure de héros populaire du cinéma italien, un totem du « lumpenprolétariat » révolté, une pure force anarchisante, parfois nihiliste, celui auquel les déshérités de la terre pouvaient s’identifier, dans l’espoir ou la rage. Il paraissait normal que les séances de cinéma bis lui rendent un hommage mérité, lui qui était si souvent apparu sur les écrans de la Cinémathèque lors de ces projections organisées un vendredi soir sur deux.
La Victime désignée, réalisé en 1971 par Maurizio Lucidi, est un étrange thriller, un giallo atypique. Variation onirique sur un canevas hitchcockien (le film reprend le principe de départ de L’Inconnu du Nord-Express), il oppose Tomas Milian à Pierre Clémenti, figure mythique du cinéma underground pour une confrontation psychologique intense, sublimée par les brumes de Venise et la musique de Luis Bacalov. Dans une ambiance de douce décadence, deux fauves s’observent et se défient. Si Visconti avait signé un giallo, ce serait La Victime désignée.
Jean-François Rauger