Sátántangó

Sátántangó

Béla Tarr
Hongrie-Allemagne-Suisse / 1994 / 450 min
D'après le roman Sátántangó de László Krasznahorkai, László Krasznahorkai et László Krasznahorkai.

Avec Mihály Vig, Mihály Vig, Mihály Vig, Putyi Horváth.

Au cœur de la plaine hongroise, les habitants d’une ferme collective vivent durement. Un jour revient l’un des leurs, présumé mort. Certains y voient l’arrivée d’un messie, d’autres celle de Satan.

Sátántangó est la pièce maîtresse de l'œuvre de Béla Tarr, cinéaste apocalyptique qui, avec ce triptyque monumental de 7h30, réalise sans doute le film définitif sur la fin des temps, en l'occurrence ceux de l'Union soviétique qui, en cette aube des années 1990, s'écroula moins avec fracas qu'elle ne s'exhala comme on rend le dernier souffle. Dans une ferme collective en décrépitude, au cœur de la puszta battue par une pluie incessante, une poignée d'habitants aux abois se dispute la recette agricole de l'année. Ils assistent craintifs au retour d'un des leurs, un dénommé Irimias (comme le Jérémie de la Bible) qui prétend les entraîner hors de chez eux, vers une lointaine et obscure promesse. Leur sarabande avide et claudicante est saisie au gré de prises époustouflantes, certaines avoisinant les dix minutes, se resserrant comme une toile d'araignée autour des mêmes événements – une nuit de beuverie, la solitude terminale d'une petite fille, la virée ivre d'un médecin, l'arrivée du faux-prophète – qui définissent le cosmos du film, rythment son tango infernal. L'apocalypse n'a rien ici d'un grand spectacle de destruction. C'est au contraire la révélation d'une vérité nue, celle du monde quand ses mythes explicatifs (ici collectivistes) s'en sont envolés : un tourbillon de boue, de froid, de peur, de désarroi, de crédulité et d'instincts. Avec Sátántangó, Béla Tarr réalise, comme Jérôme Bosch vers 1500, au regard d'une Europe de l'Est se réveillant d'une lourde gueule de bois, sa propre et grandiose Nef des fous.

Mathieu Macheret


Générique

Réalisateur : Béla Tarr
Collaborateur à la réalisation : Ágnes Hranitzky
Assistants réalisateurs : Zoltán Gazsi, János Hollós, András Kécza
Scénaristes : László Krasznahorkai, Béla Tarr
Auteur de l'oeuvre originale : László Krasznahorkai d'après le roman "Sátántangó", Mihály Vig d'après une histoire, Péter Dobai d'après une histoire, Barna Mihók d'après une histoire
Sociétés de production : Mafilm (Budapest), Von Vietinghoff Filmproduktion GmbH (Berlin), Vega Film AG (Zürich)
Coproduction : MTV - Magyar Televízió (Budapest), TSR - Télévision Suisse Romande (Genève; Lausanne)
Producteurs : György Fehér, Joachim vonVietinghoff, Ruth Waldburger
Directeurs de production : Tibor Dimény, Gábor Koncz
Distributeur d'origine : Clavis Films (Paris)
Directeur de la photographie : Gábor Medvigy
Cadreur : László Ramm
Opérateur steadycam : Tamás Nyerges
Ingénieurs du son : József Kardos, Istvan Pergel, Csaba Erös
Mixeur : György Kovács
Compositeur de la musique originale : Mihály Vig
Créateur des décors : Sándor Kállay
Décorateurs : Sándor Katona, Béla Zsolt Tóth
Costumiers : János Breckl, Gyula Pauer
Monteur : Ágnes Hranitzky
Régisseur : Gábor Téni
Cascadeur : Zoltán Gulyás Kiss
Interprètes : Mihály Vig (Irimiás), Putyi Horváth (Petrina), László feLugossy (Schmidt), Eva Almássy Albert (Schmidtné), János Derzsi (Kráner), Irén Szajki (Kránerné), Alfréd Járai (Halics), Miklós B. Székely (Futaki), Erzsébet Gaál (Halicsné), György Barkó (Iskolaigazgató), Zoltán Kamondi (Kocsmáros), Barna Mihók (Kerekes), Péter Dobai (Százados), András Bodnár (Horgos Sanyi), Erika Bok (Estike), Peter Berling (Orvos), Ica Bojár (Horgosné), István Juhász (Kelemen), Ferenc Kallai (la voix d'Orvos), Mihály Ráday (la voix du narrateur), Gyula Pauer, Ernõ Mihályi, Mihaly Kormos, Andras Fekete, Andor Simai, Katalin Krizsánné Kovács, Vilmosné Pataki, Mária Borbély, Kati Makrányi, Zsuzsa Fodor, Beatrix Jeszensky, Rita Deák Varga, Frigyes Hollósi, Agnes Kamondy, Kina Vetõ, Mia Santamaria, József Kresinka