3h10 pour Yuma

3h10 pour Yuma 3:10 to Yuma

Delmer Daves
Etats-Unis / 1957 / 92 min
D'après Elmore Leonard.

Avec Glenn Ford, Van Heflin, Felicia Farr.

En échange d’une forte prime, un éleveur ruiné est mandaté pour convoyer un dangereux hors-la-loi jusqu’à la gare, où ils prendront le train jusqu’à Yuma et son pénitencier.

Souvent comparé au Train sifflera trois fois (High Noon, Fred Zinnemann, 1951), 3h10 pour Yuma repose sur des ressorts dramatiques et psychologiques bien différents. Là où Zinnemann exposait un drame de la solitude, Daves édifie une violente confrontation psychologique, et parfois physique, entre deux tempéraments que tout oppose : Ben Wade (Glenn Ford), hors-la-loi pilleur de trains, séducteur pervers et corrupteur machiavélique, et Dan Evans (Van Heflin), fermier ruiné, au caractère buté et mutique, méprisé par sa famille, chargé, par nécessité économique, de convoyer Wade jusqu'au train qui le conduira en prison. Sur ce canevas, Daves élabore une magnifique progression dramatique, des plaines arides de l'Arizona au huis-clos d'une chambre d'hôtel où se concentre leur affrontement. La force de la mise en scène est de conduire le spectateur à éprouver une égale sympathie pour les deux hommes, et par de subtiles variations, de les amener l'un et l'autre sur une voie où ils ne peuvent plus que s'entre-détruire ou pactiser. Mais leurs enjeux personnels ne sont pas égaux : pour Wade le prisonnier, il s'agit de reconquérir sa liberté, alors qu'Evans le looser doit racheter sa dignité bafouée. Entretenant le suspense au prix d'un long plan-séquence qui conduit les deux hommes jusqu'au train, Daves, deus ex machina humaniste et bienveillant, fait pleuvoir sur ses héros une eau quasi baptismale qui laisse espérer, pour l'un et l'autre, un heureux dénouement.

Joël Daire