The Maidens of Fetish Street

The Maidens of Fetish Street

Saul Resnick
États-Unis / 1966 / 69 min

Avec Ken McCormick, Toni Lee Oliver, Nick Nickerson.

Tout en regardant un spectacle de striptease, un homme solitaire se souvient de mésaventures étranges, arrivées à des gens du quartier ou à lui-même.

The Maidens of Fetish Street n'avait survécu que sous la forme de quelques bobines très usées de copies de distribution. Pour la première fois depuis les années 1980, une version numérique complète a pu être reconstruite grâce à une recherche de tout le matériel existant. Entre le début des années 1960 et l'avènement de la pornographie, des centaines de films dits de sexploitation sont distribués aux États-Unis, dans les cinémas malfamés de centre-ville (les fameux grindhouse theaters) et dans d'autres salles indépendantes, échappant au système d'autocensure des grands studios hollywoodiens. Tournées en dehors des circuits de production traditionnels, dotées de budgets misérables, ces œuvres visent avant tout à montrer des nudités féminines, au fil de récits souvent très bizarres à force d'être rudimentaires et incertains. Mais le genre charrie parfois de véritables diamants noirs, comme The Maidens of Fetish Street (également connu sous le titre The Girls on F— Street), dont le climat et les personnages pervers et déments débouchent sur une forme pratiquement avant-gardiste. Le film ayant été diffusé en France très tardivement, sous le titre Les Filles de rues, le critique Jean-Marie Sabatier écrira ainsi dans La Saison cinématographique 1974 : « Le sujet (les phantasmes érotiques d'un fou, la recherche éperdue de la beauté qui désespérément se dérobe, la répulsion et l'attrait du sordide) est surtout prétexte à des recherches picturales, très esthétisantes, qui ne sont pas sans rappeler certaines tentatives du cinéma "underground". » De fait, les forts contrastes de la photo, la fragmentation du montage et les bruitages (proches de la musique concrète) composent une sorte de descente aux enfers qui marquera le spectateur de manière indélébile.

Gilles Esposito