Only God Forgives

Only God Forgives

Nicolas Winding Refn
États-Unis-France-Danemark / 2012 / 90 min

Avec Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Vithaya Pansringarm.

À Bangkok, Julian dirige un club de boxe thaïlandaise servant de couverture à son trafic de drogue. Il mène la grande vie jusqu'à ce que sa mère refasse surface, lui ordonnant de venger l'exécution de son autre fils, Billy.

Comment renverser une statue ? Non pas la faire rouler à terre, mais en inverser le sens ? Dans le club de boxe thaïlandaise que dirigent Julian (Ryan Gosling) et son frère Billy à Bangkok pour cacher leurs activités de trafiquants de drogue, il y a une sculpture de métal représentant un combattant, poings tendus, qui vaut d'abord comme effigie de la violence dont chacun s'est rendu coupable. Un soir, Billy tue sans raison une prostituée mineure, et la fidélité familiale de Julian vacille : progressivement, la statue se mue en effigie de justice, au point qu'un vieux policier vengeur prendra la même pose qu'elle. Dans la mise en scène paradoxale de Nicolas Winding Refn, ce sont les êtres les moins expressifs et les plus impuissants qui peuvent changer le plus, d'un point de vue éthique. Le labyrinthe rouge à la David Lynch du club de boxe, les espaces déconnectés et primaux de la ville, les gestes hiératiques qui interviennent comme des visions oniriques ou des cérémonies funèbres, forment un écrin mystérieux dont la minutie formelle dissimule un ébranlement terrible. Julian peut-il renverser la mère monstrueuse (Kristin Scott Thomas) qui vient à Bangkok régler les affaires de ses fils, et se renverser lui-même ? Radicalisant le visage vide que Ryan Gosling lui avait offert pour Drive, Refn l'habite d'un malaise abyssal par les seules intensités des couleurs, la lenteur somnambulique des mouvements transpercée de pointes brutales, les modulations perlées de la musique électronique de Cliff Martinez. Transfigurant, au sens propre, son scénario de tragédie œdipienne, Only God Forgives compose ainsi un stupéfiant théâtre pulsionnel où le plus profond, c'est la surface.

Cyril Béghin


Générique

Réalisateur : Nicolas Winding Refn
Scénariste : Nicolas Winding Refn
Sociétés de production : Space Rocket Nation (Copenhagen), Motel Movies (Los Angeles), Gaumont, Wild Bunch (Paris)
Coproduction : Film i Väst AB (Trollhättan), Bold Films (Los Angeles), Nordisk Film Shortcut A/S (København)
Producteurs : Lene Borglum, Sidonie Dumas, Vincent Maraval
Coproducteurs : Jessica Ask, Jacob Jarek
Producteurs associés : Ryan Gosling, Christophe Riandee, Brahim Chioua, Tom Quinn, Jason Janego, Michel Litvak, David Lancaster, Gary Michael Walters, Matthew Read, Thor Sigurjonsson, Yves Chevalier
Directeur de production : Johnny Andersen
Distributeurs d'origine : Wild Side Films, Le Pacte (Paris)
Directeur de la photographie : Larry Smith
Ingénieurs du son : Kristian Eidnes Andersen, Eddie Simonsen
Compositeur de la musique originale : Cliff Martinez
Décorateur : Beth Mickle
Maquilleur : Pateera Puttisuraset
Monteur : Matthew Newman
Directeurs de casting : Des Hamilton, Raweeporn Srimonju Jungmeier
Coordinateur des effets visuels : Martin Madsen
Interprètes : Ryan Gosling (Julian), Kristin Scott Thomas (Crystal), Vithaya Pansringarm (Chang), Yayaying Rhatha Phongam (Maï), Gordon Brown (Gordon), Tom Burke (Billy), Byron Gibson