La Cinémathèque
imaginaire de
Satyajit Ray

L'histoire commence ainsi : « En 1990, j'étais à Calcutta en repérages pour un livre portant sur l'architecture urbaine. Je me baladais un peu au hasard quand j'ai réalisé que j'étais dans la rue de Satyajit Ray. J'étais jeune, j'étais cinéphile, j'étais peut-être un peu inconscient, et j'ai sonné chez lui. Je lui ai parlé en bengali, ça l'a surpris et il m'a fait entrer. » Voilà comment le réalisateur et designer Alok b. Nandi est entré en contact avec Satyajit Ray. Une audace qui a débouché sur une conversation à bâtons rompus, pendant plusieurs heures.

De quoi ont-ils parlé ? De cinéma, évidemment. Ray est impressionnant de générosité, et Alok b. Nandi ose lui demander de rêver à son tour sa cinémathèque idéale, sans aucune limite. Le réalisateur accepte, demande un délai pour honorer son engagement, et lui confie deux jours plus tard, sans la commenter, une liste manuscrite de 43 films.

Comment et pourquoi les a-t-il choisis ? Comment, en Inde ou ailleurs, a-t-il eu accès à ces films ? En 1947, Ray fonde la Calcutta Film Society avec un autre réalisateur bengali, Chidananda Das Gupta. Le ciné-club va rapidement devenir un haut lieu de cinéphilie en Inde, à l'origine du rayonnement du cinéma mondial dans le pays. Fréquenté aussi bien par les intellectuels et futurs réalisateurs Ritwik Ghatak et Mrinal Sen, ce cercle permet à Ray de nourrir son amour pour le septième art. Il continue d'y voir et d'y revoir les grands classiques internationaux, dont certains se retrouvent dans sa liste. Satyajit Ray est aussi très souvent amené à voyager, notamment à Londres ou dans divers festivals, où il découvre encore davantage de cinématographies.

Ray est connu pour ses écrits, pour ses critiques et ses essais sur les cinémas du monde entier, pour sa connaissance et sa compréhension du monde occidental qu'il distille aussi dans ses réalisations. Il n'hésite pas à s'exprimer sur ses confrères, admirateur sincère de ses contemporains ou de ses prédécesseurs. Et toujours avec la plus parfaite honnêteté.

Voici cette liste.


Remerciements chaleureux à Alok b. Nandi, qui a bien voulu nous consacrer un entretien téléphonique le 17 octobre 2016.

La Cinémathèque française