The Aryan Papers

"Pendant des décennies, Stanley [Kubrick] a cherché un texte qui lui permettrait de réaliser un film sur l'Holocauste" (1). Une quête débute alors pour trouver le bon récit. Le réalisateur rassemble, en parallèle, de nombreux documents (images d'archives, photos...) sur la période historique et la Shoah. En 1976, il demande à Jan Harlan de s'adresser à l'écrivain Isaac Bashevis Singer – qui a vécu à New York entouré de réfugiés du régime nazi – pour qu'il écrive une histoire originale. Or Singer répond à Harlan qu'il "ne connaît strictement rien sur le sujet" (2).

Plusieurs années plus tard, en 1991, Kubrick découvre le roman de Louis Begley, Une éducation polonaise (Wartime Lies, 1991). Le récit, mêlant des éléments autobiographiques, est raconté du point de vue d'un enfant. Il relate l'histoire de Maciek et de sa tante, Tania, deux Juifs qui se font passer pour des catholiques durant l'Occupation nazie en Pologne.

Kubrick écrit une base scénaristique qu'il propose à la Warner. La pré-production démarre. Johanna ter Steege est choisie pour interpréter Tania ; Joseph Mazzello incarnera son neveu.

Cependant, La Liste de Schindler, de Spielberg, qui traite d'un sujet similaire, sort durant cette période et connaît un grand succès commercial et critique. Full Metal Jacket (1987), la précédente œuvre de Kubrick, a déjà pâti du succès de Platoon, d'Oliver Stone, sorti un an auparavant. Pour ne pas reproduire la même erreur, Kubrick et Terry Semer, le codirecteur de la Warner, décident alors de mettre de côté le projet Aryan Papers. Kubrick n'y reviendra plus par la suite.

(1) Jan Harlan, "D'Une Éducation polonaise au "Aryan Papers", in Les Archives de Stanley Kubrick, (Alison Castle (dir.), (Köln, London, [etc.], Taschen, 2005), pp. 122-123.

(2) Ibid.