Décorateur et créateur de costumes pour le cinéma, réalisateur
(Szabadka, 1876 - Hollywood, 1954)
Ernö Metzner fait ses études à Budapest, d’abord au Realgymnasium, puis à l’École des beaux-arts. Il commence alors à travailler comme graphiste et illustrateur de livres et de journaux. Ce début de carrière est interrompu par la Grande Guerre, à laquelle Ernö Metzner doit participer. C’est après le conflit qu’il part à Berlin et commence à travailler pour le cinéma en concevant des costumes et des décors. Le fait de n’être jamais lié de manière stable à une société de production lui permet de travailler avec des cinéastes aussi différents qu’Ernst Lubitsch, pour qui il réalise notamment les costumes de La Femme du pharaon, et Robert Wiene, qui lui confie la conception des décors d’I.N.R.I.. A l’occasion de ce film, le travail de Metzner trouve une sorte de premier aboutissement formel. Lui-même en a dit: «Ce grand style et ce sujet m’ont conduit à choisir une voie large et simple, à exclure d’emblée toute ornementation et à mettre de côté tous les détails.»
A partir de 1926, sa collaboration de plus en plus régulière avec le producteur Hans Neumann lui donne l’occasion de travailler avec Pabst, qui lui confie les décors des Mystères d’une âme. Dans la célèbre séquence du rêve, le réalisateur voulait, selon Lotte Eisner, «donner un relief lumineux et irréel aux objets et aux personnages, détourner la perspective architecturale, modifier la proportion des objets». Ainsi, dans ce film, se mélangent le didactisme distancié de Pabst et l’exubérance de l’onirisme du chef décorateur.
A partir de 1928, Metzner, réalisateur cette fois, prend ses distances avec l’expressionnisme fantastique, qu’il semble caricaturer dans le court métrage Überfall et qu’il évince totalement de son film de propagande socialiste Freie Fahrt. En 1930, dans Westfront, il aide Pabst à avancer sur la voie du réalisme documentaire, rejetant à nouveau l’expressionnisme pour déployer cette fois une esthétique véritablement impressionniste sur la souffrance individuelle. Dans Quatre de l’infanterie (1930), Tragédie de la mine (1931) et L’Atlantide (1932), Metzner semble avoir trouvé une voie intermédiaire où, comme il le dit lui-même dans son livre On the Set of the Film Atlantis, le réel et l’improbable se côtoient.
Christophe Duhoux