Dessin de Otto Hunte pour les Nibelungen : la Mort de Siegfried
Dessin de Otto Hunte pour les Nibelungen : la Mort de Siegfried
de Fritz Lang, 1923
(gouache sur carton, 33,5 x 48 cm)

Otto HUNTE

Architecte-décorateur de cinéma

(Hambourg, 1881 - Potsdam, 1960)

Biographie

Comme certains de ses meilleurs collègues (Kettelhut, Erdmann, Leni), Otto Hunte fait ses études techniques et artistiques au Theater-Atelier Hartwig de Berlin, source de talents pour Max Reinhardt. Sous la direction de Martin Jacoby-Boy, il est, avec ses futurs collaborateurs réguliers Erich Kettelhut et Karl Vollbrecht, au générique des huit longs métrages de Joe May Die Herrin der Welt (La Maîtresse du monde). A partir de 1922, une collaboration de sept ans le lie à Fritz Lang jusqu’à la fin du muet.

Ses dessins, où dominent la lumière et le cadrage, visant à suggérer l’effet recherché, donnent à penser que son travail pour Lang a été de nature plus créative que technique, par rapport à l’intervention de ses collaborateurs réguliers Erich Kettelhut, à qui l’on doit beaucoup d’effets spéciaux, de Karl Vollbrecht ou du pointilleux Emil Hasler. Pourtant, ses remarques sur Metropolis soulignent les difficultés à surmonter, l’aide énorme apportée par le procédé Schüfftan, «dont j’ai fait un emploi abondant». Il oppose les moyens mis en œuvre pour l’artère principale de Metropolis avec sa circulation et la nouvelle tour de Babel, haute de 500 mètres, qui sont représentées par des maquettes et une animation image par image (six semaines de travail pour deux fois six secondes à l’écran), et l’inondation, filmée grandeur nature, pour laquelle il fait construire quatre réservoirs de 1600 m3 chacun, afin de faire éclater le ciment et le béton de la cité souterraine.

Hunte a sans doute été avant tout un coordinateur d’équipe. «Homme habile, qui excella dans tous les genres, écrit Georges Sadoul, depuis les grands spectacles à costumes imités de l’Italie jusque, hélas! au Juif Süss hitlérien, en passant par des opérettes comme Le Chemin du Paradis.» Contestant implicitement l’attachement des décorateurs allemands à un style unique, Sadoul trouve dans les décors de studio réalisés par Hunte (avec Stahl-Urach, Kettelhut et Vollbrecht) pour Le Docteur Mabuse, à la fois «le rococo germanique extravagant à la mode de 1900, une influence des décors théâtraux de Max Reinhardt, le style "munichois" des années 1910, et fort incidemment une boîte de nuit expressionniste, comme l’étaient alors en majorité ces établissements en Allemagne».

Au début du sonore, le nom de Hunte est attaché à des productions importantes et à de grands succès dans des genres variés, à commencer par L’Ange bleu, Drei von der Tankstelle (Le Chemin du paradis, Wilhelm Thiele, 1930), Ich bei Tag und Du bei Nacht (A moi le jour, à toi la nuit, Ludwig Berger, 1932). Une de ses plus grandes réussites est le laboratoire de Gold (L’Or, 1934), superproduction de science-fiction de Karl Hartl (les séquences en sont réutilisées en 1953 dans The Magnetic Monster, de Curt Siodmak). Sous le IIIe Reich, sa carrière se poursuit avec le même succès: Donogoo Tonka (Reinhold Schünzel, 1936), L’Homme qui était Sherlock Holmes (Hartl, 1937), L’Etrange M. Victor (Jean Grémillon, 1938) et enfin le film antisémite de Veit Harlan. Un de ses derniers travaux est le très expressionniste Les assassins sont parmi nous (Die Mörder sind unter uns, 1946), premier film antinazi de l’après-guerre, tourné en zone d’occupation soviétique par Wolfgang Staudte (pour qui il avait réalisé en 1944 les décors de Der Mann, dem man den Namen stahl, jamais sorti). Il cesse de travailler pour le cinéma peu après.

Bernard Eisenschitz

Filmographie

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