Dessin de Rochus Gliese pour l’Aurore de Friedrich Wilhelm Murnau, 1927
(gouache et mine de graphite sur papier, 37 x 51 cm)
Décorateur et créateur de costumes pour le théâtre et le cinéma, réalisateur.
(Berlin, 1891-1978)
Costumier et décorateur au théâtre dès 1913. Scandalisé par le premier film qu’il voit tourner (Wo ist Coletti?) parce qu’on y voit un homme sauter par la fenêtre percée dans une toile de fond tremblotante et se retrouver dans une avenue berlinoise, il va imposer au cinéma des exigences professionnelles et une forte conception plastique. Il est d’abord un des principaux collaborateurs de Paul Wegener, devenant bientôt son coréalisateur pour les scènes dont celui-ci est aussi l’interprète et réalisant les costumes du troisième Golem, celui de 1920, dont le chef décorateur est l’architecte Hans Poelzig. Il travaille aussi pour Lubitsch, qui jouait le diable dans Rübezsahls Hochzeit (1916).
Sa collaboration épisodique avec F. W. Murnau - trois films, plus un qu’ils écrivent ensemble - aboutit aux Etats-Unis à un des sommets du muet, L’Aurore. Au bout de deux ans, Gliese est de retour en Allemagne, où il s’associe à des groupes indépendants: le «Filmstudio 1929», pour qui il commence le tournage des Hommes le dimanche, Carl Koch et Lotte Reiniger, avec qui il réalise Die Jagd nach dem Glück (La Chasse au bonheur), interprété par Jean Renoir et Catherine Hessling. Après 1933, il se consacre principalement au théâtre, trouvant asile pendant le nazisme, comme bien d’autres (progressistes, homosexuels, demi-juifs), grâce à Gustaf Gründgens, au Staatliches Schauspielhaus de Berlin. Il revient à l’occasion au cinéma avec des hommes de théâtre: Gründgens (Eine Stadt steht Kopf, 1932; Tanz auf dem Vulkan, 1938, signé Steinhoff mais entièrement conçu par le comédien), Curt Bois (Ein Polterabend, 1955), Walter Felsenstein (Fidelio, 1956).
Bernard Eisenschitz
Sources: «Rochus Gliese», CineGraph, Lexikon zum deutschsprachigen Film, Lieferung 1, Hamburg, 1984; Bernard Eisenschitz, entretien avec Rochus Gliese, mai 1970, extraits in Cinématographe, n°75, février 1982.