Cheveux courts, idées longues
Ce sujet fut diffusé dans le magazine féminin Dim Dam Dom le 24 septembre 1965. Dim Dam Dom est né presque au même moment que la deuxième chaîne de l'ORTF, sur laquelle il est programmé de 1965 à 1970, le dimanche (Dim), pour s'adresser aux dames (Dam), mais aussi aux hommes (Dom). L'année 1965 qui voit naître cette émission novatrice dans sa liberté de style et de ton, est aussi celle de la réforme des régimes matrimoniaux, qui promeut l'égalité entre l'homme et la femme en réduisant les droits du mari sur son épouse.
Jacques Dessange teste ici une nouvelle coupe courte et géométrique sur des actrices françaises (Macha Méril, Valérie Lagrange, France Anglade et Évelyne Dandry). Cette coupe rappelle la mode androgyne lancée par les garçonnes après la Première Guerre mondiale. À l'époque, ces femmes désirant s'émanciper et être actives revendiquaient le droit à une coupe de cheveux pratique et confortable. Le style garçonne révolutionnait la représentation du genre féminin, et préfigurait ainsi la femme contemporaine, celle qui fera de Jean Seberg (1938-1979) et de ses cheveux très courts une égérie.
Dans les années 1960, cette mode réapparaît à la télévision et dans la rue, pour des raisons plus esthétiques que révolutionnaires. Cependant le commentaire incite les femmes à "démontrer" leur intelligence et prend le contre-pied d'une phrase d'Arthur Schopenhauer (1788-1860) : "La femme est un animal à cheveux longs et à idées courtes."
Grâce à des programmes comme Dim Dam Dom, le petit écran apportera sa modeste contribution à l'émancipation des femmes, "seule révolution du XXe siècle appelée à durer" (1). Cependant l'émission ne survivra pas à l'éclatement de l'ORTF en 1974, et les chaînes privées, apparues en 1985, inaugureront le règne de la "ménagère de moins de 50 ans", dans lequel la femme libérée aura du mal à retrouver sa place.
(1) Martin Evin, livret accompagnant le coffret DVDDim Dam Dom, INA, 2009.
