La Sindrome di Stendhal
Dario Argento (né en 1940) est, depuis les années 1970, l'un des maîtres du cinéma d'épouvante italien, dans le droit fil de Mario Bava ou Riccardo Freda. En 1996, après avoir travaillé dix ans aux États-Unis, le cinéaste rentre dans son pays natal et tourne Le Syndrome de Stendhal (La Sindrome di Stendhal).
Anna Manni (Asia Argento), jeune inspectrice de la brigade anti-viol de Rome, se rend à la Galerie des Offices de Florence, sur la piste d'un serial killer. Elle est alors frappée du "syndrome de Stendhal" : elle se fond dans les œuvres d'art qui prennent vie, plongeant par exemple dans La Chute d'Icare de Bruegel. En sortant du musée, Anna se fait agresser par l'homme qu'elle poursuivait. À la suite de ce double choc, elle bascule dans une schizophrénie, devient le serial killer qu'elle traquait, adopte une double attitude de victime et de bourreau, endossant à la fois le rôle d'homme et de femme.
Les multiples facettes d'Anna s'incarnent notamment dans ses changements physiques. D'un visage de madone à la longue chevelure brune, elle devient, après son viol, un être masculinisé aux cheveux courts, tirés en arrière. Enfin, intériorisant le tueur (blond) qu'elle poursuivait, elle se métamorphose en femme fatale grâce à une longue perruque blonde. La personnalité intrinsèque d'Anna s'est effacée au profit et à cause de l'art.
Si les avis divergent sur le film, il est rapidement reconnu. Argento mène une singulière réflexion sur les arts et leurs influences. On y assiste à une interpénétration du personnage principal et des œuvres. Les effets spéciaux qui donnent vie aux tableaux, accompagnés par la musique d'Ennio Morricone, sont d'une beauté envoûtante. Les citations artistiques sont nombreuses tant par leur représentation à l'écran que symboliquement, jusqu'à l'image de fin, où les personnages adoptent la posture d'une Pietà.
