James B. Harris

Du 20 au 30 janvier 2014

James B. Harris

James B. Harris est sans aucun doute une des personnalités les plus singulières du cinéma américain dit moderne. Il est l’auteur, au sens fort, de cinq films tous très originaux réalisés sur une étrangement longue période, entre 1965 et 1993. Il est né le 3 août 1928 à New York. Sa rencontre avec Stanley Kubrick au début des années cinquante est déterminante. Il produira The Killing/L’Ultime Razzia en 1956, Paths of Glory/Les Sentiers de la gloire l’année suivante et Lolita en 1962. Il est par ailleurs associé aux projets avortés de Kubrick durant cette période comme celui de One-Eyed Jacks/La Vengeance aux deux visages, finalement réalisé par Marlon Brando, en 1961.

The Bedford Incident/Aux postes de combat est le premier film réalisé par Harris. Récit, en 1965, d’un incident militaire, nourri de la peur ambiante d’une guerre atomique, le film dresse le portrait saisissant d’un officier de marine interprété avec subtilité par Richard Widmark. Tourné sept ans plus tard, Some Call It Loving/Sleeping Beauty est un des films les plus étranges du cinéma américain. À la fois sensuel et onirique, il s’agit d’une fable surréaliste où d’étonnantes trouvailles (les religieuses faisant des claquettes, le ballet de la cheerleader nue) sont au service d’une ambiance suavement morbide. Fast Walking, réalisé en 1982, met en scène James Woods dans le rôle d’un gardien de prison au style tout personnel confronté à un choix cornélien. L’amoralité bouffonne apparente du film se conjugue de façon inhabituelle avec une vraie gravité. Un film important, scandaleusement méconnu et inédit en salles. Le même James Woods revient dans Cop, adaptation réussie quoique hérétique d’un roman de James Ellroy, Lune sanglante. Le film évite les pièges et conventions du polar hollywoodien et décrit avec talent des figures hystériques (celle du héros ou de la poétesse féministe incarnée par Lesley Ann Warren qu’il rencontre). Enfin, Boiling Point/L’Extrême limite confronte Wesley Snipes et Dennis Hopper, qui font chacun une performance mémorable, pour un thriller crépusculaire où les notions de bien et de mal cessent d’être aisément localisables et identifiables. Le film fut remonté toutefois par la Warner et James B. Harris ne reconnut pas entièrement la paternité de ce qui est, à ce jour, le dernier film qu’il a mis en scène.

Jean-François Rauger

Partenaires et remerciements

Ronald Chammah, Susan Vercellino, Cinémathèque Suisse, Les Films du Camélia, Park Circus, Tamasa, Théâtre du Temple, UCLA, Warner.